Riz: Objectif, produire 460 000 tonnes d’ici 2027

Le gouvernement ambitionne, ni plus ni moins, de réaliser l’exploit de tripler la production de riz qui devrait passer de 140 710 à plus de 450 000 tonnes, si l’on s’en tient aux objectifs exposés dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, élaboré par le ministère des Finances.

Relever le défi de tripler la production nationale de riz en l’espace de quatre années laquelle devrait passer de 140 710 à 450 000 tonnes. Les projections du gouvernement sont exposées dans le Document de programmation économique et budgétaire à moyen terme 2025-2027, élaboré par le ministère des Finances. Des objectifs quelque peu irréalistes à première vue si l’on s’en tient au flou qui entoure les moyens permettant de réaliser cette performance. Et de fait, le document ne donne aucune précision sur les mesures concrètes que l’État prévoit de mettre en œuvre pour atteindre cette ambition.

Pour autant, les attentes sont légitimes pour booster la production d’une céréale cataloguée comme un produit de grande consommation. D’où l’intérêt que suscite cette annonce tant au sein de la population que du côté gouvernemental qui réussirait ainsi  à atteindre son but, en franchissant un pas décisif vers l’atteindre de son objectif de porter la production nationale de riz à 750 000 tonnes d’ici 2030. Un volume qui devrait permettre de ramener le taux d’autosuffisance en riz à 97%, conformément aux prévisions de la stratégie de développement de cette filière, dont le budget s’élève à 385 milliards de FCFA.

207 milliards Fcfa

Pour autant, l’atteinte de cet objectif de tripler la production nationale de riz d’ici 2027, ne réussira pas à infléchir la forte demande en riz dont l’offre restera inférieure à la demande, contraignant le Cameroun à recourir aux importations massives. Chiffres du ministère de l’Agriculture à l’appui, l’on estime que la demande en riz qui augmente chaque année était déjà estimée à 576 949 tonnes en 2020. En comparaison avec les 460 000 tonnes projetées pour 2027, il subsistera un déficit d’au moins 110 000 tonnes à combler par des importations.

Dans la même dynamique des importations, l’Institut national de la statistique (INS) estime que le Cameroun a importé 652 565 tonnes de riz au cours des dix premiers mois de l’année 2022, pour une valeur de 162,5 milliards de FCFA. Cette denrée représentait alors 4,6 % du montant total des importations du pays. À titre de comparaison, en 2021, les dépenses d’importation de riz avaient atteint 207,9 milliards de FCFA, soit 5,4 % de la valeur totale des importations camerounaises.

C’est la balance commerciale du Cameroun qui en pâtit pour des importations de riz qui sont souvent l’objet de pratiques répréhensibles. Ainsi, exonéré de taxes à partir de l’année 2008, suite aux émeutes dites de la faim, puis taxé au droit de douane réduit de 5% depuis 2016, le riz importé par les commerçants camerounais sert aussi à alimenter les circuits de contrebande vers le Nigeria. A quoi vient se greffer la vente en direction de ce grand voisin des variétés de riz de la Semry produites dans le septentrion, et dont la qualité fait l’unanimité auprès des consommateurs.

Le Gabon et la Guinée équatoriale, en raison des prix attractifs dans les marchés, sont également cités parmi les réceptacles du riz réexporté par les commerçants camerounais. Le Cameroun en paye un lourd tribut financier estimé à 87 milliards Fcfa en 2019, représentant la facture de cette réexportation frauduleuse du riz importé par le Cameroun pour les besoins de la consommation locale, selon les chiffres de l’INS.

Evariste Menounga

 

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