Mototaxis: Un phénomène aux allures de calamité urbaine

Les pouvoirs publics ne savent plus à quelles mesures coercitives se vouer pour, non pas éradiquer cette gangrène, mais contrôler à tout le moins les métastases de ce cancer urbain, dans le but de domestiquer une activité qui fait des ravages dans nos grandes métropoles et endeuille des familles au quotidien, au nez et sous la barbe des gouvernants.

Ils ont à nouveau envahi le centre-ville de la capitale, en cette matinée du 11 novembre 2024, ces engins à deux roues ne manquent plus de rouler dans des zones qui leur ont été interdites par les pouvoirs publics. Transportant un, deux ou trois passagers, les conducteurs de motos-taxis roulent depuis plusieurs mois sur les axes qui leur ont été interdits d’accès par les autorités administratives. Hier au lieudit Sonel central, trois conducteurs de mototaxis sont à l’attaque. A bord de leurs engins, ils n’hésitent pas à proposer leurs services. Ils circulent même à la poste centrale, Aa l’hôtel de ville, Aa la montée Anne rouge, n’hésitant pas à se faufiler entre les véhicules dans les bouchons, dans l’ignorance du code de la route. Avec au passage des feux grillés, des sens interdits ignores et des trottoirs occupés. « Je me demande comment cela va se passer avec les fêtes de fin d’année qui approchent. C’est la septième fois que je change mon pare-brise sans compter les rétroviseurs abimés. C’est devenu une jungle, vivement que les pouvoirs publics prennent des mesures rigoureuses pour mettre un terme à ce désordre une bonne fois pour toute », se plaint Roger Kana, administrateur civil.

Des conducteurs pas au courant des mesures

Interrogés, certains disent ne pas être informés d’un quelconque plan de circulation. « Je viens de Garoua, je suis arrivé Aa Yaoundé le mois passé et c’est le seul emploi que j’ai pu obtenir pour nourrir ma petite famille. Je pensais qu’il était permis de circuler partout parce que ça fait des semaines que je roule partout sans être inquiété », explique Alioum.  Adolphe Noué, un autre reconnait que certains axes leurs sont interdit. « J’évite de passer dans les secteurs où on trouve des agents de la police municipale. Il faut avouer que l’un des handicaps majeurs de l’activité de motos-taxis réside par la non maitrise de la loi et du code de la route par les acteurs du secteur qui, pour la plupart sont analphabètes. Raison pour laquelle j’ai passé mon permis de conduire », fait savoir un conducteur de moto. Malgré cet état des choses, lui comme les autres bravent ces interdits.

Danger pour les usagers

Le cliché est le même sur les tronçons Carrefour Emia, Ambassade de France, Olézoa, Carrefour Vogt, Carrefour Mvog Atangana Mballa, Elig Essono, Elig Edzoa et autres zones interdites à la circulation des motos-taxis. Ici et là, l’activité prospère. En ces lieux comme ailleurs, les habitants disent être fatigués de compter le nombre de morts, blessés et dégâts matériels causés par ces engins. « Une dame a perdu sa jambe la semaine dernière suite à un accident de moto. Chose qui devrait décourager les populations mais rien. C’est un mal nécessaire à cause du mauvais état des routes, il y a les embouteillages partout et les motos nous aident à nous déplacer rapidement », témoigne Aristide Medoung habitant du quartier Olézoa.

Que prévoit la loi ?

Les mesures encadrant la circulation des motos-taxis dans la ville de Yaoundé sont contenues dans un arrêté conjointement signé le 12 janvier 2012 par le Préfet du Mfoudi de 2019, interdisant la circulation des motos-taxis dans certaines zones de Yaoundé. On s’en souvient qu’en 2019, les forces de maintien de l’ordre ont étouffé une manifestation des conducteurs de motos-taxis qui protestaient contre cette mesure. Ces derniers avaient érigé des barricades sur certains axes pour manifester leur mécontentement. Cette loi est entrée en vigueur en juin 2022 par le préfet Emmanuel Mariel Djikdent qui lors d’une réunion avec des syndicats et association des mototaxis, l’autorité administrative avait rappelé que la circulation des motos-taxis avait déjà été délimitée dans la capitale.  A ce jour, les conducteurs peinent cette mesure qui date de neuf ans, ce en dépit des multiples concertations entre les pouvoirs publics et les syndicalistes du secteur.

Marie Michèle Atouba

 

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