Bertin Tchoffo: L’homme qui transforme le manioc en moteur de croissance

Parti de rien, Bertin Tchoffo a bâti un empire agroalimentaire autour du manioc. De son usine de transformation à sa boulangerie produisant du pain et des croissants à base de manioc, il redéfinit l’industrie agroalimentaire et lutte contre la dépendance aux importations de blé.

Bertin Tchoffo, entrepreneur camerounais et fondateur de Pafic Sarl, est l’exemple même de la réussite issue de la détermination et de l’innovation. Son entreprise, spécialisée dans la culture et la transformation du manioc, est un acteur clé dans la réduction de la dépendance du Cameroun vis-à-vis des importations de blé, en produisant notamment de la farine de manioc, du gari et des farines composites, destinées à la cuisson.

Aujourd’hui, Bertin Tchoffo cultive le manioc sur 1 300 hectares et traite jusqu’à 20 tonnes de manioc par jour dans son usine située à Mbandjock dans la région du Centre. Le produit phare de son entreprise est la farine de manioc, qu’il transforme aussi dans une boulangerie, produisant des pains et des croissants qui sont vendus sur le marché local. Pafic Sarl est l’un des leaders dans la production de farine de manioc au Cameroun, et l’entreprise a pour ambition de s’étendre avec 100 points de distribution à travers le pays, contre 5 actuellement à Yaoundé.

Ce modèle d’affaires permet non seulement de soutenir l’économie locale, mais aussi de contribuer à l’autosuffisance alimentaire en remplaçant en partie la farine de blé importée. Le Cameroun importe en effet près de 900 000 tonnes de blé chaque année, un volume considérable qui grève la balance commerciale et alourdit les coûts pour les consommateurs. En transformant le manioc en produits alimentaires de grande consommation, Bertin Tchoffo espère réduire cette dépendance, tout en créant des emplois et en valorisant les ressources agricoles locales.

Cependant, le parcours de Bertin Tchoffo est d’autant plus impressionnant qu’il commence dans une situation précaire. Arrivé en France sans domicile fixe, il passe huit mois dans la rue. Pour échapper à cette situation, il enchaîne trois emplois différents : à la Poste, comme superviseur, et comme agent de sécurité à la Gare du Nord et à la Gare de l’Est. Son objectif était clair : économiser pour monter sa propre entreprise et sortir de la pauvreté.

« J’étais déterminé à changer ma situation. Chaque centime gagné était un pas de plus vers l’indépendance », confie Bertin. Son projet prend forme lorsqu’il retourne au Cameroun quelques années plus tard. Il découvre alors l’opportunité de se lancer dans la culture et la transformation du manioc, une ressource encore sous-exploitée dans son pays. En 2012, il achète son premier terrain pour y implanter une usine de transformation du manioc. Grâce à l’argent qu’il a économisé en Europe, il démarre ses activités au Cameroun et investit dans plusieurs secteurs.

En plus de la transformation du manioc, Pafic Sarl produit également de l’eau en bouteille, de la margarine, des soupes, et même des produits cosmétiques à base d’huile de palme. Aujourd’hui, l’entreprise emploie plus de 1000 personnes à travers ses différentes exploitations, unités de transformation et points de distribution. Bertin Tchoffo est convaincu que si le Cameroun parvient à augmenter sa production de manioc, le pays pourra réduire significativement ses importations de farine de blé et offrir des produits locaux de meilleure qualité à ses consommateurs.

Hélène Tientcheu

About Post Author

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Solve : *
23 − 9 =


Enregistrez vous à notre newsletter