Grand dialogue national : les petits mensonges du cardinal Christian Tumi

L’archevêque émérite de Douala qui ne cache pas son amour vis-à-vis de la sécession depuis le déclenchement de la crise socio politiste dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest avance des données chiffrées questionnables dans une interview devenue virale sur la toile.

Depuis le déclenchement de la crise dite anglophone en octobre 2016, le cardinal Christian Tumi n’a eu de cesse d’encenser de manière insidieuse les idées contraires au désir des pères fondateurs de la République du Cameroun. Dans une interview devenue virale sur la toile, l’archevêque émérite de Douala avance ce qui, pour lui, est la voie du salut. «Nous avons un document qui ressort les causes de la crise, les propositions de ceux qui ont répondu à nos questions, un millier, ainsi que nos propres points de vue. Pour ceux qui ont répondu à nos questions, 69 % sont convaincus que si nous voulons nous aimer les uns les autres, cela revient à dire, si les francophones et les anglophones veulent vivre comme des frères et sœurs, il faudrait une séparation au niveau du gouvernement. Il ne doit pas y avoir de questions tabou, c’est notre point de vue personnel.

Même la sécession, à condition qu’ils parviennent à convaincre, s’ils convainquent nous devons l’adopter. C’est possible qu’il (Paul Biya) l’accepte, c’est un humain, il n’est pas Dieu. Je pense que la séparation peut résoudre ce problème », indique cet homme de Dieu. «Il y a un problème, la forme de l’Etat (…) Quand nous disons, quelle forme de l’Etat peut résoudre ce problème ? La fédération par exemple, la décentralisation comme nous essayons depuis toujours, je pense qu’il n’y a que 3 ou 4 personnes que nous avons interviewées qui ont dit non. 69 % des anglophones ont dit, le mot qu’ils ont utilisé était la séparation absolue. Cela veut dire la sécession », ajoute le Cardinal aujourd’hui à la retraite. Des déclarations qui font sursauter de nombreux observateurs avertis. Tant l’argumentaire de Christian Tumi perd toute sa crédibilité dans la méthode. «En disant 69 %, ça donne l’impression que c’est un sondage. Il doit renseigner sur l’échantillonnage utilisé, la taille de l’échantillonnage et son mode de composition pour qu’on soit sûr que cet échantillonnage reflète les habitants des deux régions concernées.

En matière d’échantillonnage, un nombre inférieur à 500 est insignifiant. Il faut bien plus, à partir de 500, sans oublier la méthode de constitution de l’échantillonnage or il ne dit rien du type des interviewés. Si vous faites un sondage au cours d’un meeting quelconque dans un coin donné de Douala par exemple, le résultat ne peut pas vraiment refléter l’état de l’opinion de la ville de Douala par exemple dans son entièreté donc, les méthodes sociologiques, anthropologiques restent à questionner», observe Pascal Nkuinghé, expert en statistiques, et habitué des questions de sondage dans de nombreux pays.

Le 24 janvier 2017, le cardinal Christian Tumi, dans une interview à Radio France international (RFI), avait clairement exprimé, à la face du monde, son désir d’un changement de régime. «J’essaie de comprendre ce qui se passe parce que j’ai passé presque trente ans de ma vie de prêtre et évêque au Cameroun francophone et je suis originaire du Cameroun anglophone. J’essaie de comprendre les deux côtés. C’est maintenant la jeunesse, qui n’était pas encore sensibilisée à la réunification, commence à protester sur les conditions de travail, les conditions de vivre ensemble, et ils veulent qu’on retourne où on était au début de la réunification, c’est-à-dire au fédéralisme», avait indiqué.

Pourtant, depuis le 10 septembre 2019, aucun discours de Paul Biya n’a reçu autant d’appréciations hautement positives. En quelques jours, même les acteurs sociaux, économiques, diplomatiques, politiques les plus opposés au régime de Yaoundé ou qui le regardent avec une relative condescendance ont applaudi. Du très tumultueux Mouvement de la renaissance du Cameroun (MRC) en passant par le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) de Cabral Libii, le grand dialogue est salué de tous. Au niveau des acteurs politiques de poids, Titus Edzoa, ancien ministre de Paul Biya mais se singularise par ses prises de positions acerbes, salue le grand dialogue national et y voit un moyen de réconciliation définitive entre les zones en crise et le reste du Cameroun. «Félicitations au président de la République pour son idée d’un grand débat que j’ai de tout temps préconisé. Les thématiques et la méthodologie pour ce grand débat me paraissent satisfaisantes. Je prendrai humblement part à ce rendez-vous de la réconciliation tant attendu par les Camerounais», indique Titus Edzoa sur son mur Face book.

Aloys ONANA

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