Production halieutique : Les défis à surmonter

En dépit de son abondante ressource maritime et de la volonté affichée du gouvernement d’accroitre la production, le pays continue de faire face à de nombreux obstacles, nécessitant des réformes urgentes et une sensibilisation accrue des acteurs du secteur.
Le Cameroun, avec ses vastes ressources maritimes et continentales, aspire à devenir un acteur majeur dans la production halieutique. Cependant, la réalité du terrain révèle une série de défis qui freinent cette ambition. En 2023, la production halieutique s’est établie à 230 000 tonnes, marquant une baisse de 1 % par rapport à l’année précédente, tandis que la demande nationale est estimée à 500 000 tonnes par an. Ce déficit de 270 000 tonnes souligne l’urgence d’une action concertée pour revitaliser le secteur.
L’un des principaux défis réside dans l’insuffisance des infrastructures de pêche. De nombreuses installations sont obsolètes et ne répondent pas aux normes modernes, ce qui limite la capacité de production et la qualité des produits. La nécessité de construire et de réhabiliter ces infrastructures est donc primordiale pour permettre aux pêcheurs de travailler dans de meilleures conditions et d’augmenter leur rendement.
Un autre obstacle majeur est la gestion des ressources halieutiques. La surpêche et l’exploitation non durable des stocks de poissons ont conduit à une diminution des ressources disponibles. Le manque de réglementation efficace et de contrôle sur les pratiques de pêche aggrave cette situation. Il est crucial d’instaurer des politiques de gestion durable qui garantissent la pérennité des ressources halieutiques tout en permettant aux pêcheurs de subsister.
De plus, le secteur de l’aquaculture, bien qu’il présente un potentiel considérable, reste sous-développé. Les investissements dans cette filière sont insuffisants, et les acteurs manquent souvent de formation et de soutien technique. Pour réduire le déficit de production, il est impératif de dynamiser l’aquaculture en offrant des formations aux producteurs, en facilitant l’accès au financement et en promouvant des pratiques durables.
La dépendance aux importations constitue également un défi majeur. En 2023, le Cameroun a importé 234 572 tonnes de poissons, représentant une valeur de 182,5 milliards de FCFA. Bien que ces importations aient légèrement diminué par rapport à l’année précédente, elles demeurent élevées et témoignent d’une incapacité à satisfaire la demande interne. Pour remédier à cette situation, le gouvernement doit mettre en œuvre des politiques d’import-substitution efficaces, favorisant la production locale.
Enfin, la sensibilisation des acteurs du secteur est essentielle. De nombreux pêcheurs ne sont pas informés des pratiques durables et des réglementations en vigueur. Des campagnes de sensibilisation et des programmes de formation doivent être mis en place pour éduquer les acteurs sur l’importance de la durabilité et des bonnes pratiques de pêche.
Julien Efila