Hausse du prix de la bière: Le Mincommerce enfonce une porte ouverte

Magloire Mbarga Atangana dénonce, sur le tard, une situation de fait accompli d’augmentation unilatérale des prix, entrée depuis des lustres dans les habitudes des exploitants des débits de boisson et des consommateurs qui, de guerre lasse, trinquent au quotidien, et se sont résolu à s’y accoutumer
« Les exploitants des débits de boisson ont cru devoir, en violation flagrante des textes applicables en la matière, procéder à une augmentation illégale du prix de la bière et des boissons hygiéniques ». L’indignation émane du ministre du Commerce et contenue dans un communiqué rendu public le lundi 04 novembre 2024. Dans la foulée de cette annonce, Magloire Mbarga Atangana tient à lever toute équivoque et rappelle que « le prix de la bière et des boissons hygiéniques reste inchangé, et tout contrevenant s’expose à la rigueur de la loi ». Seulement, cette sortie du ministre du Commerce pour pertinente qu’elle soit, arrive sur le tard et s’apparente à bien des égards à un constat d’une situation de fait accompli. Magloire Mbarga Atangana, pour ainsi dire, enfonce une porte ouverte.
Dans un environnement marqué depuis des lustres du sceau de la hausse unilatérale et illégale du prix de la bière et des boissons hygiéniques par d’exploitants qui désormais font la pluie et le beau temps ici, fixant les prix à la tête du client, foulant au pied la nécessaire homologation préalable ou l’engagement des négociations pour déboucher sur des prix concertés, conformément à la réglementation dans le secteur.
En décidant de prendre le taureau de cette hausse illégale par les cornes via le déploiement annoncé des équipes de contrôle sur le terrain en vue de la défense et la préservation des intérêts légitimes des consommateurs, nul ne devrait se faire des illusions. Surtout pas le consommateur qui se trouve être le maillon faible de la chaine et qui par conséquent trinque le premier et paye le plus lourd tribut. C’est que la hausse unilatérale que dénonce le ministre du Commerce ne date pas d’hier. La pratique de ces prix non homologués fait son lit dans le secteur depuis plusieurs mois.
Prix homologués
Une virée dans les débits de boissons, bars, « tourne-dos », ventes à emporter, casinos et autres grandes surfaces et supermarchés permet de toucher du doigt la réalité des hausses illégales et des disparités au niveau des prix pratiqués. A chaque tenancier selon son argumentaire pour justifier le non-respect des prix homologués auxquels l’on ajoute et selon, soit 50, 100, 150, 200, 300 Fcfa, et même voire un ajout de 500 Fcfa. Les raisons invoqués pour justifier ces hausses tiennent régulièrement au souci de maximiser les gains pour rentabiliser l’exploitation.
Autre argument avancé pour justifier cette hausse, le retour sur investissement sur des espaces confortablement aménagés à coups de grosses dépenses pour attirer une clientèle de connaisseurs de plus en plus exigeante. Et cette exigence, entend-on clamer çà et là, a un coût, un coût que les tenanciers de ces espaces répercutent sur le prix et par conséquent sur le consommateur. En attendant que le ministre du Commerce et ses équipes de contrôles prennent véritablement la peine mesure du phénomène, c’est la saignée du client qui va se poursuivre, inexorablement, dans un environnement où la tendance générale est la libéralisation des prix. A chacun son prix et son client. Face à la recrudescence et l’ampleur de ces pratiques de hausse unilatérale et généralisée du prix de la bière et des boissons hygiéniques, les équipes de contrôle ont-elles les moyens de circonscrire ces mauvaises pratiques ? A l’évidence, la tâche s’annonce très difficile pour mettre au pas exploitants de débits de boissons véreux et consommateurs incrédules qui se laissent gruger. Le combat à mener contre ces pratiques illégales passe aussi et surtout par l’implication du consommateur en sa double qualité de victime de cette hausse et destinataire de cette campagne de traque lancée contre ces exploitants de débits de boisson qui foulent au pied la procédure d’homologation des prix.
Evariste Menounga