Filière poissons : Vers une hausse de production de 166% d’ici en 2027

L’atteinte de cet ambitieux objectif appelle entre autres à la réhabilitation des infrastructures de pêche et à l’implémentation du Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique.

 

Riche en ressources halieutiques, le Cameroun fait face à un défi majeur : satisfaire une demande interne en constante augmentation tout en réduisant sa dépendance aux importations. Selon le document de programmation économique et budgétaire 2025-2027, élaboré par le ministère des Finances, le gouvernement envisage d’augmenter sa production de poissons de 225 000 tonnes en 2024 à 600 000 tonnes en 2027, représentant une augmentation de 166,67 % en quatre ans.

Pour réaliser cet objectif ambitieux, plusieurs actions doivent être mises en œuvre. Tout d’abord, la construction et la réhabilitation des infrastructures de pêche sont essentielles. Les installations actuelles, souvent vétustes et inadaptées, limitent la capacité de production. Il est donc impératif d’investir dans des infrastructures modernes qui permettront d’optimiser la capture et le traitement des produits halieutiques. Cela inclut la création de ports de pêche, de centres de transformation et de stockage, ainsi que l’amélioration des routes d’accès aux zones de pêche.

Ensuite, la mise en œuvre du Plan intégré d’import-substitution agropastoral et halieutique (Piisah) est cruciale. Ce plan, évalué à 680 milliards de FCFA sur le triennat 2024-2026, vise à réduire les importations de produits alimentaires, dont le poisson. En favorisant la production locale, le Cameroun pourra non seulement diminuer son déficit commercial, mais également renforcer la sécurité alimentaire. Ce plan doit être accompagné de mesures incitatives pour les producteurs locaux, telles que des subventions, des formations et un accès facilité au crédit.

Par ailleurs, l’aménagement des bassins de production maritime et continentale est une autre action clé. Le Cameroun dispose d’un potentiel halieutique considérable, mais celui-ci est sous-exploité. En développant des zones de pêche durables et en favorisant l’aquaculture, le pays pourra augmenter sa production tout en préservant ses ressources naturelles. La structuration et le soutien à l’installation des acteurs de la pêche et de l’aquaculture sont également nécessaires pour dynamiser le secteur.

Il est également essentiel d’améliorer la gestion des ressources halieutiques. Cela passe par la mise en place de réglementations strictes pour éviter la surpêche et garantir la durabilité des stocks. La sensibilisation des pêcheurs aux pratiques de pêche responsables et la promotion de la recherche scientifique sur les écosystèmes marins sont des éléments indispensables pour assurer la pérennité de la filière.

Aussi, le gouvernement doit renforcer la coopération avec les acteurs privés et les organisations non gouvernementales. La collaboration entre le secteur public et le secteur privé est essentielle pour mobiliser les ressources nécessaires et mettre en œuvre des projets innovants. Des partenariats stratégiques peuvent également permettre d’accéder à des technologies avancées et à des marchés internationaux. Ambitieux, mais réalisable, la réussite de cette démarche dépendra in fine de l’engagement de toutes les parties prenantes et de la mise en place d’un cadre favorable à la croissance du secteur halieutique.

 

Julien Efila

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