Faux Diplômes : Un fléau qui perdure

Le phénomène des faux diplômes au Cameroun est devenu un véritable fléau, touchant tous les secteurs de la société, en dépit de l’existence d’une législation qui punit sévèrement la falsification de ces documents et autres titres.

La falsification des diplômes et autres parchemins persiste et s’aggrave au Cameroun, mettant en péril l’intégrité des institutions et la confiance du public. En juin 2024, par exemple, le ministère de la Défense (Mindef) alertait l’opinion publique sur la détection de 1 313 faux diplômes dans le cadre du recrutement de jeunes gendarmes et soldats pour l’exercice budgétaire 2024. En 2022, déjà, 1 000 élèves gendarmes avaient été radiés des forces de défense pour des raisons similaires. En 2019, c’était au tour de la commission nationale d’évaluation des formations dispensées à l’étranger du ministère de l’Enseignement supérieur de détecter parmi les 426 diplômes reçus, 63 faux diplômes.

Ce phénomène dont la recrudescence va croissante, n’est toutefois pas propre à l’armée ou encore aux institutions universitaires. Il touche tous les pans de la société que ce soit dans les grandes écoles, les administrations publiques, dans les structures privées, etc. Bref, il n’y a pas un seul secteur au Cameroun où on ne retrouve pas de citoyens en détention des titulaires de faux parchemins. Ce, en dépit de la loi.

Au niveau national, la présence de faux diplômés dans des postes clés compromet l’efficacité des services publics et la sécurité des citoyens. Les faux diplômes entraînent une dévaluation des véritables qualifications académiques, créant un climat de méfiance au sein de la population. À l’international, cette situation ternit l’image du Cameroun, rendant difficile l’attraction d’investissements étrangers et la coopération avec d’autres nations. En 2023, à l’Université de Liège en Belgique, les étudiants camerounais faisaient face aux problèmes de faux diplômes. La situation a été telle que, Daniel Evina Abe’e l’ambassadeur du Cameroun en Belgique avait saisi par voie de correspondance le ministre d’Etat, ministre de l’Enseignement supérieur Jacques Fame Ndongo. L’Université de Liège a adopté « des mesures de vigilance spécialement à destination de nos étudiants à l’instar du service des équivalences de la fédération de Wallonie Bruxelles qui pour les mêmes faits, a adopté une procédure spécifique à l’encontre de nos jeunes compatriotes », écrivait le diplomate camerounais.

Raisons

A en croire certains, les raisons qui poussent les Camerounais adeptes de cette pratique à se tourner vers la falsification de diplômes sont variées. D’une part, il existe un véritable culte de la facilité, où l’obtention d’un diplôme authentique est perçue comme un parcours semé d’embûches. D’autre part, la rareté des emplois incite de nombreux citoyens à trancher leur âge ou à acheter de faux diplômes pour augmenter leurs chances d’être recrutés. Dans un pays où le taux de chômage est élevé, ces comportements deviennent compréhensibles, bien que moralement répréhensibles.

Le phénomène des faux diplômes est également alimenté par un système éducatif qui, dans certains cas, ne parvient pas à répondre aux attentes du marché du travail. Les jeunes diplômés se retrouvent souvent sans emploi, ce qui les pousse à chercher des solutions alternatives, même illégales. Cette situation crée un cercle vicieux où la pression sociale et économique incite à la fraude.

Face à cette crise, le gouvernement camerounais a décidé d’agir. Le ministère de la Fonction publique a récemment lancé une plateforme d’authentification des diplômes. Mise en service le 1er octobre dernier, avec cet outil, a-t-on appris, il est désormais possible, en un clic, de vérifier l’authenticité des parchemins et autres titres.

Le gouvernement espère par cette initiative contribuer à réduire le phénomène des faux diplômes et à restaurer la confiance dans les qualifications académiques. Cependant, de l’avis de certains, cela ne suffira à éradiquer entièrement le problème. Il est essentiel d’accompagner cette initiative par des campagnes de sensibilisation sur les dangers et les conséquences de la falsification de diplômes. De plus, des mesures plus strictes doivent être appliquées pour sanctionner les fraudeurs, ainsi que les complices.

Julien Efila

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