CAMEROUN-RCA : Retour volontaire de près de 200 réfugiés centrafricains
La cérémonie y relative s’est déroulée le 23 octobre 2019 au niveau du fleuve Bombey, frontière naturelle entre les deux pays dans le département de la Kadéy.
A l’heure de rentrer chez nous, nous sommes remplis de reconnaissance vis-à-vis du gouvernement camerounais, du haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) et ses partenaires, et des pays donateurs. Grâce à leur encadrement, nos vies ont été sauvées », déclare Alkasim Alkazali au nom des refugiés volontaires qui retournent en République centrafricaine (RCA). La scène se déroule le 23 octobre 2019 à Mbilé, village de l’arrondissement de Ketté, département de la Kadéy, Région de l’Est. C’était en présence des autorités camerounaises, représentées par l’inspecteur général des services du gouverneur de la Région de l’Est pour s’assurer du bon déroulement de l’activité jusqu’à la frontière.
De l’autre côté de la rive du fleuve Bombey, une délégation centrafricaine conduite par le préfet du département de la Mambéré-Kadéy. Elle est venue accueillir les 176 personnes, désormais ex réfugiées au Cameroun. Un véritable soulagement pour le gouvernement centrafricain. « Les mots manquent en ce jour historique du 23 octobre 2019. Ça n’a jamais été facile, ces moments de perturbation sociopolitique que nous avions traversés. Nous tenons donc à remercier le chef de l’État camerounais, Paul Biya qui a accepté d’accueillir et d’encadrer nos compatriotes sur son territoire. Nous espérons que de tels évènements vont se multiplier car la paix est progressivement de retour en RCA. Nous souhaitons que nos compatriotes, réfugiés au Cameroun par peur, reviennent sans crainte », a laissé entendre, Philomène Daounda. Le gouvernement centrafricain a pris toutes les dispositions nécessaires pour la restauration de la dignité de toutes ces personnes qui ont décidé de retourner volontairement. « Elles seront accueillies officiellement en RCA dans la ville de Berberati et devront recommencer à vivre paisiblement », rassurent les autorités centrafricaines.
Pour le HCR, « la cérémonie d’aujourd’hui n’est que le début d’un long processus. Progressivement, nous allons assister au rapatriement volontaire des réfugiés centrafricains au Cameroun. Cette première vague n’est qu’un échantillon du travail que vont abattre les agents du HCR et ses partenaires. Nous allons continuer à travailler avec acharnement pour l’encadrement de couches vulnérables», renseigne Peggy Penshi à Maneng au nom du HCR au Cameroun. « Chacun d’eux a bénéficié des vaccins contre la tuberculose, les hépatites entres autres. Bien plus, chacun a bénéficié d’un kit complet des médicaments pour une période de 3 mois », a-t-on appris des responsables de l’ONG African Humanitarian Action (AHA), le partenaire santé du HCR.
Seulement, on se serait attendu un départ volontaire massif des réfugiés du camp de Mbilé et Lolo dans l’arrondissement de la Bombé. Les premiers chiffres avancés par le HCR étaient de 400 réfugiés prêts à retourner chez eux. « Au final, à cause de quelques remous en RCA ces derniers jours, les réfugiés qui devaient retourner dans la zone impactée ont dû se rétracter. Par ailleurs, on a noté un nombre important de personnes ne pouvant pas voyager sur une longue distance entre le Cameroun et la RCA, au regard du mauvais état de la route. Il s’agit notamment des femmes enceintes dont la grossesse a un âge avancé, les femmes qui allaitent et les personnes très malades», souffle une source.
Une cérémonie similaire se déroulait en même temps à Gado-Badzéré sous la présidence du ministre de l’Administration territoriale (Minat). Paul Atanga Nji a assisté au départ volontaire de pas moins de 300 réfugiés centrafricains logés au campde ce village situé dans l’arrondissement de Garoua-Boulaï. Il a accompagné cette première vague jusqu’à la ville de Béloko en RCA où attendaient les autorités de ce pays.
Pour rappel, le Cameroun accueille un total de 270 924 réfugiés centrafricains sur son sol. La Région de l’Est, à elle seule, reçoit officiellement dans les camps aménagés par le HCR, 183 484 personnes. A peine 1 500 veulent retourner volontairement chez eux. Le processus de retour volontaire de ces réfugiés intervient dans un contexte marqué par la crainte du retour des bandes armées rebelles en RCA. Abdoulaye Miskine et ses alliés ont menacé de reprendre les armes pour dénoncer les accords de Khartoum signés en 2019. Aussi, l’on assiste à un manque palpable des ressources financières par le HCR. Tandis que les besoins humanitaires des réfugiés restent très préoccupants au moment où les donateurs peinent à mettre la main dans la poche. À l’Est du pays, l’on assiste de plus en plus à l’autonomisation des réfugiés centrafricains. C’est dire qu’on est bien loin d’être sorti de l’auberge au sujet de cette crise humanitaire.
Gustave EPOK