Développement durable: les sachets prohibés font de la résistance
Un impressionnant stock de plus de 10 tonnes d’emballages plastiques de moins de 60 microns interdits a été détruit le 7 janvier 2020 à Douala. Un échec pour le gouvernement camerounais qui a décidé depuis 2012 d’interdire leur production et commercialisation.
L’arrêté du 24 octobre 2012 portant réglementation de la fabrication, de l’importation et de la commercialisation des emballages non biodégradables et signé conjointement par le ministre de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable et le ministre du Commerce se veut révolutionnaire. Le chapitre II sur la « fabrication, l’importation et la commercialisation des emballages non-biodégradables » prévoit, en sa section l sur « les emballages plastiques », article 7 al.1: «Sont interdits la fabrication, l’importation, la détention et la commercialisation ou la distribution à titre gratuit des emballages plastiques non biodégradables à basse densité inférieure ou égale à 60 microns d’épaisseur (1 micron vaut 1/1000 mm) ainsi que les granulés servant à leur fabrication». L’alinéa 2 conditionne «la production, l’importation, la détention, la commercialisation des emballages plastiques non biodégradables de plus de 60 microns et les granulés servant à leur fabrication » à l’obtention d’un permis environnemental.
Depuis l’entrée en vigueur de cette décision, les industriels de ce secteur ont progressivement opté pour la production, l’importation, la détention et la commercialisation d’une nouvelle génération de plastiques « biodégradables et au-dessus de 60 microns ». Inondant ainsi le marché national et sous-régional de ces emballages « bio », frappés des « indications relatives à l’épaisseur, la formulation, la biodégradabilité ou non, le nom et l’adresse précis du fabricant », conformément à la réglementation en vigueur.
Malgré les mises en garde soutenues du gouvernement camerounais, les emballages plastiques prohibés opposent une farouche résistance. Détaillants, grossistes et commerçants divers continuent impunément de faire usage de ces sachets interdits. Cas d’une boutique de vente en gros et détails de produits importés de Chine, sis Avenue Ahmadou Ahidjo : un important stock d’emballages plastiques de couleur noire, moins de 60 microns, occupe un rayon de près d’un mètre. C’est le silence total sur l’usage de cet important stock. Une source informe néanmoins de ce que lesdits sachets sont utilisés pour « emballer les marchandises des clients ». Information vérifiée au bout de quelques minutes après achats d’un client au sein de cette boutique, détenue par un groupe de chinois.
Violation
Scène identique dans une épicerie du quartier Bonabéri dans l’arrondissement de Douala 4ème. Les cas de l’Avenue Ahmadou Ahidjo et Bonabéri sont les deux arbres qui cachent une forêt d’entorse à l’Arrêté conjoint du 24 octobre 2012. Toute l’étendue du territoire camerounais est envahie par les emballages plastiques non-biodégradables, renseigne une source au sein des Douanes camerounaises. Principale raison invoquée, «la porosité des frontières et l’inobservation de la réglementation ». Cette invasion est également due au déficit de contrôle sur les postes routiers du fait de la corruption. La ville de Douala a été l’objet d’une impressionnante saisie d’emballages plastiques illicites heureusement interceptés par des éléments des Douanes camerounaises. La cargaison saisie a franchi la Région du Littoral par celle du Sud-Ouest. Le circuit est alimenté, apprend-on de bonnes sources, du Nigéria voisin. Les pouvoirs publics, avoue un responsable de la délégation régionale de l’Environnement, de la Protection de la nature et du Développement durable, sont impuissants face à la déferlante des emballages plastiques non-biodégradables provenant du Nigeria. Ce, malgré d’importantes mesures prises par le gouvernement.
Georges SEMEY