Assainissement urbain: hysacam, comme Sisyphe
La seule entreprise publique en charge de la collecte des ordures dans 17 villes du Cameroun affiche une lourde dette. Mais continue pour d’œuvrer pour des villes propres.
C’est une entreprise vieille de 50 ans qui n’affiche aucune ride. Au contraire, de nombreux pays du continent lui font confiance. Le dernier sur la liste, le Bénin, où un contrat a été paraphé afin que le bien-être apporté à 17 villes du Cameroun et à d’autres dans la sous-région Afrique centrale soit également vécu dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.
Si Hygiène et salubrité du Cameroun (Hysacam) est enviée par certains pays, en interne, ses relations avec les pouvoirs publics sont ambiguës. Car les dettes ici ne sont pas à négliger. Le ministère des Finances lui doit 5 milliards de FCFA, tandis que cette entreprise attend une enveloppe de 10 milliards de FCFA des collectivités territoriales décentralisées où elle collecte, achemine et traite des ordures ménagères. Le quatrième employeur après l’Etat, malgré ce gap financier, tient au respect de son cahier de charges. Tous les mois, 600.000 litres de carburant sont consommés. Il faut éviter autant que possible les arriérés de salaires. Aussi, chaque mois un milliard de francs est payé aux 1000 employés (agents administratifs, mécaniciens, agent de propreté) qui collectent au quotidien 2500 tonnes d’ordures ménagères. « Si on passe un jour sans collecter les ordures, il nous faudra 7sept jours pour nous rattraper », glisse Garba Ahmadou, directeur de la communication.
Période des fêtes
Les fêtes de fin d’année sont un casse-tête pour Hysacam car, la production des déchets à collecter se multiplie. Si en l’absence des fêtes chaque individu produit au moins trois grammes de déchets par jour, en période des fêtes cette estimation est multipliée par trois. Pour 2019, il a fallu recourir aux rotations nocturnes. « Les centres de réjouissances ont été ciblés, l’accent a été mis sur le balayage des rues », explique cette entreprise qui compte 108 camions et 12 engins.
Mais face à l’ampleur de la tâche, les pouvoirs publics depuis deux ans ne cachent pas leur volonté de recruter un concurrent. « Nous n’avons pas peur de la concurrence. Mais Hysacam est sous utilisée. On peut faire plus et même quand on fait plus, on ne nous paie pas. La difficulté est financière. Nous sommes certifiés. Si nous n’avions pas la confiance des banques, il y a longtemps qu’on aurait arrêté. N’importe quel acteur qui veut peut venir. Mais si vous n’avez pas la confiance des banques, vous ne ferez pas longue route. Il faut saluer le président Paul Biya grâce à qui 17 villes du Cameroun sont balayées, c’est une exception dans la sous-région», note cette entreprise qui balaie les rues du Cameroun depuis cinq décennies déjà. Pour éviter les arnaques que ses agents ferraient aux usagers pour collecter les déchets, un numéro vert a été mis en place -243 16 30 01 – « Il est Whatsapp. Vous pouvez nous saisir par là, au besoin images à l’appui, nous ferons le reste », indique Cyrille Djami Batomen, responsable d’exploitation.
Aloys ONANA