Yaoundé: L’eau douteuse se vend bien

Dans les rues de la capitale, des commerçants écoulent au vu et su de tous des eaux ensachés ou embouteillés dont on ne connaît pas provenance.
Avec un panier rempli de bouteilles d’eau posé sur la tête, des vendeurs traversent les étals de marchés et les rues de Yaoundé, en cette fin du mois de novembre. Il crie à gorge déployée. « Eau glacée ! Eau glacée ! Eau glacée !». Difficile d’indiquer l’origine de cette eau que les populations achètent et consomment.
Interrogés, certains vendeurs révèlent qu’il s’agit des eaux recueillies soit directement sur le réseau de Camwater, le distributeur public, des forages et d’autres sources que l’on retrouve dans plusieurs quartiers de Yaoundé. « Je suis dans la vente d’eau depuis 10 ans aujourd’hui. Il s’agit-là de l’eau de Camwater, que je prends la peine de filtrer avec tout le matériel nécessaire que j’ai chez moi et je la vends moi-même ; donc il n’y a aucune crainte », confie Oscar vendeur ambulant d’eau.
« Une bouteille d’eau d’un litre et demi rendue plus agréable à boire par filtration coûte entre 100 et 150 FCFA, contrairement à celle non filtrée de même contenance coûte 50 FCFA. », déclare Marc, vendeur d’eau au lieudit « Carrefour Tam-Tam » à Yaoundé. Il déclare qu’il possède un forage qui lui permet de recueillir de l’eau sur place avant de la mettre sur le marché.
Conducteurs de taxis, passants et consommateurs s’approvisionnent chez ce dernier qui estime que l’eau qu’il vend n’est en aucun cas un danger pour les consommateurs. Ces derniers eux-mêmes estiment qu’ils ne peuvent pas se permettre le luxe d’acheter l’eau minérale homologuée parce qu’elle coûterait trop cher. Pourtant des dangers sanitaires existent : notamment les maladies hydriques.
Les consommateurs de l’eau de la rue, eux, rendent le gouvernement responsable de cette situation. « Si le gouvernement réglait cette affaire d’eau depuis on n’en serait pas là aujourd’hui. Il y a encore des quartiers où l’eau fait 6 mois sans couler d’un robinet, et ces personnes qui en consomment n’ont pas d’autres choix que de se ravitailler dans ces endroits ou des personnes se disent fabriquer de l’eau minérale », déclare Antoine Mbarga, un habitant de Yaoundé.
Cette vente d’eau dans les rues prospèrent dans un contexte où, le problème de production d’eau potable et la mise à la disposition de tous avait tant bien que mal été résolu par le ministre de l’Eau et de l’Energie, Gaston Pierre Eloundou Essomba. En effet, la construction de l’infrastructure destinée à approvisionner la ville de Yaoundé en eau potable, captée depuis le fleuve Sanaga, dans la région du centre a été achevée après plusieurs reports. Gaston Eloundou Essomba l’a annoncé dans un communiqué publié le 22 Avril 2024.
Cependant apprend-on de bonnes sources, en raison cette fois-ci de l’absence d’eau dans les robinets, les perturbations dans la distribution de l’eau potable devraient perdurer dans bon nombre de quartier à Yaoundé au-delà de la mise en service de l’ouvrage construit sue le fleuve Sanaga.
Marie Michèle Atouba