Voirie urbaine: La CUD muscle sa régie pour reprendre la main sur les routes
La Communauté urbaine de Douala a réceptionné le 18 octobre dernier, ses premiers engins de génie civil dans le cadre d’un vaste plan d’autonomisation de la maintenance routière.
Sous un soleil de mi-octobre, les engins flambant neufs trônent dans la cour de la Régie des Routes et Constructions (2RC). Ce 18 octobre 2025 marque un tournant pour Douala. Après trois ans d’attente et de procédures administratives à rallonge, la Communauté urbaine (CUD) réceptionne enfin le premier lot de matériel lourd destiné à sa régie. Cinq machines, deux pelles excavatrices sur chenille, une pelle chargeuse, une tractopelle et un compacteur, qui ouvrent la voie à une autonomie longtemps espérée dans la gestion de la voirie.
« C’est depuis trois ans que nous nous battons pour faire aboutir cette commande. Nous avons rencontré de nombreux obstacles, mais nous avons maintenu le cap », confie le maire de la ville, Roger Mbassa Ndinè, visiblement soulagé. Financé grâce à une convention de crédit signée avec Union Bank for Africa (UBA) Cameroon, ce premier lot s’inscrit dans un programme global d’acquisition de cinquante équipements au total, a-t-on appris.
Le prêt, d’un montant de 7 milliards de FCFA, a été accordé en août 2022 pour une durée de 54 mois, avec un taux d’intérêt de 6,25 %. « Nous avons déjà remboursé la moitié du crédit », souligne le maire, qui se félicite de la confiance accordée par la banque. Selon les détails fournis par l’édile de la ville, les futurs arrivages comprendront notamment des camions hydrocureurs, des centrales à béton, des finisseurs, du matériel d’éclairage public et des véhicules de transport du personnel.
60 milliards de FCFA investis pour une centaine de kilomètres de routes
Pour certains Doualais, ce renforcement logistique arrive à point nommé. « À Douala, plus de 225 kilomètres de routes sur les 700 bitumées sont en état de délabrement avancé, soit près d’un tiers du réseau urbain ». Entre 2020 et 2024, la mairie affirme avoir investi 60 milliards de FCFA pour remettre en état une centaine de kilomètres. Mais les chantiers de réhabilitation peinent à suivre le rythme d’une ville en perpétuelle expansion.
L’objectif est donc clair : réduire les coûts d’entretien en internalisant une partie des travaux. « Avec ces engins, nous pourrons désormais réagir plus rapidement pour combler les nids-de-poule et améliorer l’état des voies internes », promet Roger Mbassa Ndinè. Jusqu’ici, la capitale économique dépendait largement de prestataires privés pour la réfection de ses routes. Désormais, la CUD veut s’appuyer sur la 2RC pour intervenir directement.
Créée en mai 2021, la Régie autonome des routes et constructions n’avait pas encore pris pleinement son envol faute de matériel. Son rôle : assurer la maintenance de la voirie, la réhabilitation des axes secondaires et la gestion des réseaux divers. Sa montée en puissance devrait générer plus de 580 emplois, dont 348 permanents. « Cette régie va devenir un véritable outil de développement local », commente un ingénieur municipal, qui y voit « la preuve que la décentralisation peut produire des résultats concrets quand elle s’accompagne de moyens ».
Les nouveaux engins, fournis par Tractafric, symbolisent aussi la volonté de la CUD de reprendre la main sur ses priorités. « Si nous les avions obtenus plus tôt, Douala aurait sans doute meilleure allure aujourd’hui », glisse le super-maire, mi-satisfait, mi-critique envers les lenteurs administratives. « Les engins seront déployés dès l’entrée en saison sèche, période propice aux travaux de terrassement ». Pour lui, ce virage stratégique ne se limite pas à la logistique : il traduit une volonté de rompre avec la dépendance aux financements extérieurs et à la sous-traitance quasi systématique.
En misant sur ses propres capacités techniques, la CUD espère faire de la 2RC un modèle de gestion municipale autonome. « C’est une question de dignité institutionnelle, pas seulement de moyens », insiste un cadre de la mairie.

