Visa : Tour de vis autour de législation du travail des étrangers

Lors de l’ouverture d’un atelier à Douala le 05 février dernier, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle a dévoilé de nouvelles mesures pour renforcer la collecte des frais de visa sur les contrats de travail des étrangers.
Les 05 et 06 février dernier, le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), Issa Tchiroma Bakary, a présidé à Douala, un atelier sur l’optimisation de la collecte de la parafiscalité issue des visas apposés sur les contrats de travail des travailleurs étrangers au Cameroun. Cet atelier vise à renforcer la réglementation autour des travailleurs de nationalité étrangère, en particulier ceux issus des pays non africains, et à garantir une meilleure gestion des ressources financières générées par ces visas.
Lors de son discours, le ministre a tout d’abord exprimé sa gratitude envers les autorités locales, notamment le gouverneur de la région du Littoral, pour leur soutien dans la mise en œuvre des réformes liées aux travailleurs étrangers. En effet, la Loi de Finances de 2023 avait introduit une contribution financière obligatoire, en fixant le montant des frais de visa de travail à deux mois de salaire brut pour les travailleurs étrangers non africains et un mois de salaire avec un abattement de 50 % pour les travailleurs africains. Ces dispositions ont été reconduites en 2025, mais le ministre a souligné que des dysfonctionnements persistent, notamment dans la révision des statuts des travailleurs étrangers.
Une des principales préoccupations soulevées par le ministre concerne la tendance croissante des travailleurs étrangers, initialement employés sous des contrats de travail, à se faire requalifier en consultants ou en experts via des manipulations administratives. Pour Issa Tchiroma Bakary, ces transformations, parfois en marge de la réglementation, entraînent une perte importante pour le fisc, notamment à travers l’évasion des contributions sur les visas de travail. En outre, certaines entreprises ont permis à des étrangers de devenir actionnaires ou gérants sans apport réel de capital, grâce à des manipulations des documents administratifs.
Mise en place d’un fichier répertoriant les travailleurs étrangers
Pour répondre à ces abus et assurer une meilleure régulation, la Loi de Finances de 2025, promulguée par le président Paul Biya, a introduit de nouvelles mesures. L’article 23 de cette loi modifie l’article 22 de la loi précédente et institue des frais de visa pour les consultants et experts étrangers. Ces frais, fixés à 5 % des honoraires perçus, sont accompagnés de lourdes sanctions. La démarche s’inscrit dans un effort global visant à assainir le marché du travail au Cameroun et à mieux encadrer l’entrée des travailleurs étrangers. Le membre du gouvernement a souligné que ces réformes sont également un levier pour promouvoir l’emploi national, en permettant aux Camerounais de bénéficier d’opportunités professionnelles avant tout.
Un autre aspect mis en avant par ce dernier, est la mise en place d’un fichier répertoriant les travailleurs étrangers, dont la première mouture a été présentée durant l’atelier. Ce fichier vise à établir une base de données fiable et actualisée sur la présence des travailleurs étrangers dans le pays, facilitant ainsi les contrôles et le suivi des obligations fiscales liées à leur emploi. Le ministre a insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre les autorités publiques et les entreprises privées pour assurer une mise en œuvre effective de ces réformes.
Hélène Tientcheu