VIH et paludisme: Le Cameroun sevré des financements des USA

Dans un communiqué signé le 3 février, le ministre de la Santé publique, Malachie Manaouda, annonce, entre autres, la suspension du plan d’urgence américain « Pepfar » pour une durée de 90 jours.
90 jours. C’est le délai de suspension des financements du plan d’urgence américain « Pepefar ». Dans une communiqué signé le 3 février dernier, le ministre de la Santé Publique, Malachie Manaouda, informe que, « les programmes PEPFAR, principale initiative mondiale de lutte contre le VIH présent dans 55 pays et couvrant plus de 20 millions de bénéficiaires et l’Initiative du Président Américain pour le paludisme (PMI) sont également concernés par la suspension ».
Face à cette suspension de financement PEPFAR et de PMI, indique le Minsanté, le gouvernement du Cameroun a mené de façon « expéditive » une évaluation exhaustive de l’impact direct et potentiel de cette suspension sur les programmes du VIH/Sida, de la tuberculose et du paludisme et a dégagé des actions de mitigation à court, moyen et au long terme pour assurer la continuité des activités de luttes contre les trois maladies.
« Tout en exprimant sa gratitude au gouvernement des États-Unis pour de nombreuses années de soutien financier et technique inlassable en faveur des Camerounais et en reconnaissant la récente dérogation spéciale accordée le 29 janvier 2025 pour garantir un accès continu aux médicaments contre le VIH pour les bénéficiaires durant cette période d’évaluation stratégique, apprend-on, le Ministre de la Santé Publique rassure le grand public de l’engagement du gouvernement à assurer la continuité des services contre VIH, la tuberculose et le paludisme, notamment l’offre des services de prévention, de prise en charge, de soins et de soutien à toutes les populations vulnérables dans toutes les formations sanitaires et les Organisations à Base Communautaires (OBC) affiliées sur l’ensemble du territoire national, sous la coordination des Délégations Régionales de la Santé Publique et des Groupes Techniques Régionaux des trois programmes respectifs ».
Le Minsanté réitère au grand public les actions anticipées du gouvernement en faveur de la soutenabilité de la riposte nationale par l’entremise de la Couverture Santé Universelle (CSU) tel que prescrit par le chef de l’Etat, Paul Biya. Par ailleurs, dans un contexte de rareté persistante des financements extérieurs, le Cameroun s’est engagé à l’élaboration d’un plan de durabilité de la riposte aux problèmes de santé publique pour une appropriation nationale.
« Le ministre de la Santé publique invite donc tout le personnel des formations sanitaires et des organisations à base communautaire à poursuivre leurs activités quotidiennes de prestations des services du VIH/Sida, de la tuberculose et du paludisme selon les directives nationales en vigueur », conclut le communiqué.
Le PEPFAR est le plan d’urgence américain visant à mettre fin à l’épidémie du VIH/SIDA dans le monde. Ce programme historique constitue le plus important engagement jamais consenti par aucune nation pour combattre une seule maladie au niveau international. Les investissements du PEPFAR aident également à soulager les souffrances causées par d’autres maladies. Dans le but de réaliser des investissements efficaces pour sauver et améliorer les vies, le PEPFAR fonctionne sous le principe d’une responsabilité partagée entre les donateurs et les nations partenaires.
Le PEPFAR a commencé ses activités au Cameroun en 2009-2010 et a beaucoup progressé depuis ce temps, avec un budget qui atteint aujourd’hui 26 millions de dollars. L’initiative PEPFAR est gérée par les Centres de Prévention et de Contrôle des Maladies (CDC), l’Agence pour le Développement International (USAID), les Départements de Défense et d’État, et le Corps de la Paix. Près de 15 partenaires camerounais et internationaux mettent en œuvre des activités de terrain, le plus souvent en collaboration avec des partenaires locaux, exerçant dans les domaines de la transmission du VIH de la mère à l’enfant (PTME), la prévention de la transmission du VIH par voie sexuelle, la sécurité du sang, le dépistage et conseil, la prise en charge, le renforcement des capacités des laboratoires, l’information stratégique, et le renforcement des autres systèmes de santé. Tous les investissements du PEPFAR sont alignés au Plan Stratégique National de Lutte contre le VIH/SIDA du Cameroun, et ont pour but de renforcer les capacités du Gouvernement camerounais, des organisations non-gouvernementales, du secteur privé, et de la société civile dans la réponse à l’épidémie du VIH/SIDA.
Maixent Fegue