Université de Douala : Une montagne d’ordures le long du mur

Le tronçon carrefour Ange-Raphael – carrefour Pendaison, long de près de 30 mètres, est pris d’assaut par des tas d’immondices depuis plusieurs semaines, laissant les populations dans le désarroi.
wÀ Ange Raphaël, un bruit s’impose : celui du désespoir. Ici, le long du mur de la barrière du campus 1 de l’université de Douala allant au carrefour Pendaison, une montagne d’ordures s’est installée depuis plusieurs mois, s’étalant sur près de trente (30) mètres de long. D’aucuns parlent d’« une décharge à ciel ouvert, entre indifférence et résignation ». Sur ce tronçon, les passants détournent le regard ou pressent le pas. Le sol est jonché de déchets de toutes sortes comme les sacs plastiques déchirés, des cartons détrempés, des restes alimentaires en décomposition, des appareils électroménagers hors d’usage, des bouteilles en plastique entassées. Par endroits, des flaques noirâtres dégagent une odeur nauséabonde qui s’accroche à la gorge. « C’est devenu une vraie décharge municipale », lance Claudine, une étudiante en licence de lettres modernes. « Chaque jour, on passe à côté en retenant notre souffle. Mais on n’a pas le choix. Le campus est juste derrière. » A-t-elle poursuivi.
La scène est surréaliste pour d’autres. À côté de cet établissement d’enseignement supérieur censé incarner le progrès et la réflexion trône une montagne d’immondices qui symbolise l’échec de la gestion urbaine. Selon un enseignant de ladite université qui a requis l’anonymat, la situation est alarmante. « Ces ordures sont une véritable bombe sanitaire. Les moustiques, les mouches, les rongeurs… C’est un écosystème parfait pour la propagation de maladies comme le paludisme, la typhoïde ou même le choléra. » Pour lui, le danger ne concerne pas seulement les habitants du quartier, mais aussi les étudiants et le personnel de l’université. « L’air devient irrespirable à certains moments de la journée, surtout quand les riverains, désespérés, mettent le feu aux déchets pour tenter de réduire le tas », témoigne-t-il. Interrogés, certains commerçants installés à proximité affirment que l’absence de bacs à ordures adaptés les oblige à déverser leurs déchets là.
Malgré les difficultés, les étudiants membres de clubs écologiques organisent sporadiquement des campagnes de sensibilisation et de nettoyage. Mais leurs actions restent symboliques face à l’ampleur du problème. Selon la présidente du club environnemental de l’université, il faut une politique durable de gestion des déchets, une implication des autorités et des moyens concrets. L’insalubrité atteint un niveau critique dans les grandes villes du Cameroun. La situation est d’autant plus alarmante qu’on se souvient que le Cameroun a récemment accueilli les États généraux sur la gestion des ressources en déchets urbains. Les tas d’immondices qui s’amoncellent aux coins des rues témoignent de l’inefficacité du dispositif actuel. Les causes de cette situation alarmante sont multiples et profondément ancrées dans le fonctionnement du système. Jean Chatama, coordinateur du secrétariat technique des États généraux, avait déclaré lors des assises que les lacunes dans la structuration de la précollecte auprès des ménages, l’obsolescence du dispositif technique et un schéma de financement inadéquat expliquent en grande partie cette situation.
Charles Totchum