Un management à vau-l’eau à l’ART

Le directeur général est en froid avec sa tutelle technique et le conseil d’administration qui n’approuvent pas ses méthodes managériales. Le personnel s’insurge contre la suppression de divers avantages, le favoritisme et la protection des titulaires de faux diplômes.

Le directeur général (DG) de l’Agence de régulation des télécommunications est en guerre avec tout le monde. Les rapports entre Philémon Zo’o Zame et le ministre des Postes et Télécommunications, sa tutelle technique, ne sont pas des plus cordiaux. Le courant ne passe pas avec le conseil d’administration. Si bien que pour sa dernière mission hors du pays il y a quelques jours, le président de cette instance n’a pas signé son ordre de mission. Ce qui n’a pas découragé le DG. Qui n’est pas non plus porté dans son cœur par son personnel, hormis les membres du comité restreint qui forment un bouclier autour de lui.

Le malaise est profond au sein de l’ART. « Cette entreprise publique était jadis florissante. La situation qui prévaut au sein de l’Agence de régulation des télécommunications est alarmante depuis l’arrivée de M. Zo’o Zame Philémon comme directeur général en juin 2017 », souffle un cadre de la maison. Qui va jusqu’à douter de la capacité de l’ancien secrétaire général du ministère des Travaux publics à diriger le navire. « L’administration est désormais verbale. Vous ne verrez donc aucune trace écrite de toutes les mesures les unes aussi controversées que les autres prises par l’actuel DG », susurre un autre cadre.

Un agent se veut plus précis : « Nous avons tous été surpris de constater un matin que la direction générale, sans aucune note, a supprimé presque tous les avantages auxquels on avait droit jusqu’ici : primes diverses, avancements, flotte téléphonique à tout le personnel sauf aux membres de son cabinet, cadeaux et jouets pour les enfants, etc. ». Pire, les pagnes de l’entreprise sont dorénavant vendus au personnel.

Au-delà de la suppression des avantages, la gouvernance du DG est source de démotivation pour le personnel qui nourrit le sentiment d’une injustice. « Le DG refuse d’appliquer les résolutions du conseil d’administration relatives à l’assainissement du personnel. Celles-ci, prises depuis janvier 2019, prévoient notamment soit le licenciement, soit la rétrogradation des personnels recrutés ou promus sur la base de faux diplômes. Ce qui a pour conséquence la démotivation des autres personnels, surtout quand ils ont pour supérieurs hiérarchiques des personnes dont le profil ne permet plus d’occuper leurs fonctions. Bien au contraire, certaines de ces personnes ont été promues à des postes de responsabilité par le DG après ces résolutions », s’étrangle un cadre de l’ART. Qui vit mal ces actes de défiance du conseil d’administration.

Pourtant, le dossier des faux diplômes préoccupe. Dans son rapport de la mission spéciale de contrôle et de vérification de l’ART menée en 2013, le Contrôle supérieur de l’Etat constate que le recrutement et la rémunération de personnels ayant des diplômes reconnus comme faux a causé un préjudice financier évalué en janvier 2014 à 265.502.182 FCFA.

Des plaintes émanent aussi des prestataires. « Il est de notoriété publique que le nouveau DG se sépare de la plupart des prestataires laissés par son prédécesseur. Dès qu’un contrat arrive à terme, il ne le renouvelle pas pour le confier généralement à ses proches. Il a par exemple rompu le contrat du bailleur de la nouvelle route Bastos pour aussitôt loger l’entreprise dans l’immeuble de son ami Emmanuel Mbiam », s’étrangle un ancien prestataire. « Enquêtez sur le véritable propriétaire des entreprises à qui on confie la quasi majorité des marchés dont le montant avoisine 4,9 millions », balance un responsable des services financiers qui se souvient que le DG suit souvent personnellement la procédure de paiement.

Un membre du conseil d’administration conclut, sentencieux : « Il s’agit d’une gestion à la petite semaine, un manque de vision et une dérive managériale avec un impact fortement négatif sur la régulation des activités du secteur des communications électroniques au Cameroun ». Ce que rejette énergiquement un personnel visiblement très proche du DG.

Dominique MBASSI

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