Travail clandestin: Des pertes évaluées à 60 000 milliards par an

Selon le Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn) ces pertes sont le fait de 30 000 étrangers qui travaillent illégalement dans le pays.

« Les travailleurs étrangers font perdre à notre pays chaque année plus de 60 Milliards de Fcfa ».  Cette déclaration est de Nourane Foster, député du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (Pcrn). Selon elle, le parti a répertorié plus de 30.000 étrangers qui travaillent au Cameroun en toute clandestinité sans permis de travail dûment signé par le ministre de l’Emploi comme le veut la Loi dans notre pays.

« Je n’ose pas imaginer le traitement infligé à nos compatriotes de la diaspora par ces mêmes pays s’ils arrivaient à travailler dans leur pays sans permis.  Soit le rapatriement, soit l’emprisonnement, soit les amendes.  Pire encore ils se rendent complices des faits de corruption aggravée lorsque des agents de contrôles arrivent dans leurs lieux de service pour le contrôle de routine.  Cet état de chose ne peut plus durer », déclare l’élue.

Face à cette situation, elle invite le ministre de l’emploi à prendre des mesures strictes pour que dans l’urgence les quelques 30.000 Chinois, Libanais, français, Nigérians etc. qui travaillent actuellement au Cameroun de manière irrégulière puissent respecter les lois et qu’ils se mettent en règle.

Toujours d’après elle, la recette de plus de 60 milliards par an pourra être investi dans la formation des jeunes et l’initiation des jeunes aux métiers de l’industrie ou de la petite transformation afin que d’ici 10 ans ou 30 ans nous puissions prendre la relève. « J’ai personnellement pris l’initiative de discuter avec des Chinois en leur demandant pourquoi ils ne se mettaient pas en règle notamment en faisant une demande d’établissements de permis de travail, ils m’ont répondu qu’il n’y a aucun contrôle et que les quelques contrôles qui arrivent ils donnent 5.000 FCFA aux agents et l’affaire est finie.  C’est une honte pour nous et cela doit s’arrêter.  La corruption est une véritable gangrène pour l’émergence de notre pays », affirme la député.

Aveu de faiblesse de l’Etat

Les 05 et 06 février 2025 le ministre de l’Emploi et de la formation professionnelle (Minefop), Issa Tchiroma Bakary, a présidé à Douala, un atelier sur l’optimisation de la collecte de la parafiscalité issue des visas apposés sur les contrats de travail des travailleurs étrangers au Cameroun. Cet atelier vise à renforcer la réglementation autour des travailleurs de nationalité étrangère, en particulier ceux issus des pays non africains, et à garantir une meilleure gestion des ressources financières générées par ces visas.

Lors de son discours, le ministre a tout d’abord exprimé sa gratitude envers les autorités locales, notamment le gouverneur de la région du Littoral, pour leur soutien dans la mise en œuvre des réformes liées aux travailleurs étrangers. En effet, la Loi de Finances de 2023 avait introduit une contribution financière obligatoire, en fixant le montant des frais de visa de travail à deux mois de salaire brut pour les travailleurs étrangers non africains et un mois de salaire avec un abattement de 50 % pour les travailleurs africains. Ces dispositions ont été reconduites en 2025, mais le ministre a souligné que des dysfonctionnements persistent, notamment dans la révision des statuts des travailleurs étrangers.

Une des principales préoccupations soulevées par le ministre concerne la tendance croissante des travailleurs étrangers, initialement employés sous des contrats de travail, à se faire requalifier en consultants ou en experts via des manipulations administratives. Pour Issa Tchiroma Bakary, ces transformations, parfois en marge de la réglementation, entraînent une perte importante pour le fisc, notamment à travers l’évasion des contributions sur les visas de travail. En outre, certaines entreprises ont permis à des étrangers de devenir actionnaires ou gérants sans apport réel de capital, grâce à des manipulations des documents administratifs.

Mise en place d’un fichier répertoriant les travailleurs étrangers

Pour répondre à ces abus et assurer une meilleure régulation, la Loi de Finances de 2025, promulguée par le président Paul Biya, a introduit de nouvelles mesures. L’article 23 de cette loi modifie l’article 22 de la loi précédente et institue des frais de visa pour les consultants et experts étrangers. Ces frais, fixés à 5 % des honoraires perçus, sont accompagnés de lourdes sanctions. La démarche s’inscrit dans un effort global visant à assainir le marché du travail au Cameroun et à mieux encadrer l’entrée des travailleurs étrangers. Le membre du gouvernement a souligné que ces réformes sont également un levier pour promouvoir l’emploi national, en permettant aux Camerounais de bénéficier d’opportunités professionnelles avant tout.

Un autre aspect mis en avant par ce dernier, est la mise en place d’un fichier répertoriant les travailleurs étrangers, dont la première mouture a été présentée durant l’atelier. Ce fichier vise à établir une base de données fiable et actualisée sur la présence des travailleurs étrangers dans le pays, facilitant ainsi les contrôles et le suivi des obligations fiscales liées à leur emploi. Le ministre a insisté sur la nécessité d’une collaboration étroite entre les autorités publiques et les entreprises privées pour assurer une mise en œuvre effective de ces réformes.

M.F.

 

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