Tensions chez les U23
A deux jours de son entrée dans la compétition face à la sélection nationale U23 du Ghana, ce n’est pas la sérénité dans la tanière des Lions. Plusieurs manquements sont observés. Le sélectionneur national Rigobert Song n’aura son effectif au complet que trois jours avant son entrée dans la compétition. Si l’entraineur se plaint d’un chronogramme de travail non respecté par sa hiérarchie, il y a que le staff technique n’a pas de contrat, et encore moins de salaire. Les joueurs ne savent pas combien ils gagneront après cette compétition. Pourtant 4 milliards de F CFA ont été débloqués par le ministère des Finances pour les sélections nationales en ce début d’année. Sauf que, l’utilisation et la destination de cet argent restent pour l’instant inconnues. Autopsie d’une préparation bâclée.
Ce serait une surprise, de voir le Cameroun triompher dans cette Coupe d’Afrique des Nations des moins de 23 ans (CAN U23) au soir du 22 novembre 2019. Tellement la préparation des espoirs camerounais n’a été qu’un fiasco. L’organisation de la sélection, une véritable cacophonie. Et tout a commencé dès la période de stage. Rigobert Song avait prévu plusieurs stages pour mettre son effectif à condition. Que non ! Il a été contraint à un programme en fonction des moyens disponibles, apprend-on. Toutes choses qui n’ont pas permis au sélectionneur des U23 de jauger suffisamment son effectif et surtout faire avec des joueurs locaux, comme le réclamaient certains Camerounais. En manque de compétition du fait de la reprise tardive du championnat local de première division, Rigobert Song pensait bien qu’avec la multiplication des stages préparatoires, les locaux allaient certainement se mettre à niveau sur le plan physique et dans les automatismes. Au moment où beaucoup réclamaient la présence des joueurs locaux dans son effectif et face au refus de sa hiérarchie de prendre en considération quelques aspects de son chronogramme de travail déposé bien plutôt, « Magnan » n’est pas passé par quatre chemins pour écarter les joueurs locaux. Les raisons selon lui sont que : « les joueurs locaux ne sont pas compétitifs. Ils ne sont pas en jambes. Et, je ne peux constituer mon groupe avec des joueurs qui ne sont pas en activité. J’ai choisi prendre ceux qui sont en compétition tous les week-ends. Demain on ne va pas tâtonner. On est dans l’urgence, et dans ce type de situation, il faut une réaction », a-t-il confié sur une vidéo posté sur le site de la Fédération camerounaise de football (Fecafoot), le samedi 2 novembre 2019. S’il n’a pas eu tous les joueurs dont il a sollicité, notamment le cas Ignatius Ganago, l’attaquant de l’OGC Nice en France ne sera pas du voyage au pays des Pharaons. Et pour cause, le club français et son entraîneur Patrick Vieira ont refusé de libérer l’international camerounais, joueur important du groupe niçois depuis le début de la saison. Si l’attitude du club français est incompréhensible de l’avis de certains, elle est tout au moins justifiée, car la Coupe d’Afrique des Nations U23 ne se joue pas en période FIFA. Toute chose qui donne la latitude aux clubs de dire « oui » ou « non ». Cette réaction, Rigobert Song avait été victime lors des Jeux olympiques de Sydney 2000. Appelé par Jean Paul Akono, alors sélectionneur du Cameroun, le club anglais de Liverpool où il évoluait avait décidé de ne pas s’en séparer. Autant d’attitudes que comptait éviter Rigobert Song en proposant à sa hiérarchie une rencontre avec les directeurs sportifs des clubs étrangers. Une fin de non-recevoir sera malheureusement transmise à « Magnan ». Mais, faisant partie de ces anciens joueurs qui n’ont cessé de défendre la thèse de la mise en vitrine des produits locaux tant au niveau des joueurs qu’au niveau des entraîneurs, Rigobert Song a décidé néanmoins de partir en Egypte avec un compartiment de gardiens de buts du championnat local. Pour certains observateurs, son « Fighting spirit » que beaucoup de fans des Lions indomptables ont apprécié du temps où il arborait encore les couleurs de cette sélection nationale ne l’a presque jamais quitté. Et c’est fort de l’amour du football et de son pays qu’il accepte plusieurs incongruités dont il fait face.
LES 4 MILLIARDS LOGÉS AU MINSEP !
Durant cette dernière décennie, jamais une sélection nationale camerounaise de football et même celles venant d’autres fédérations sportives civiles nationales n’ont fait de déplacement sans que des problèmes liés aux finances ne se soient posés. Le cas de Rigobert Song n’est juste que la continuité d’un malaise qui perdure. Selon une source dans la tanière des Lions U23 qui a souhaité garder l’anonymat, « les Lions espoirs ne sont pas édifiés sur combien ils gagneront dans ce tournoi. Même le cas lié aux primes de participation n’a jusqu’ici pas été évoqué. Les enfants sont justes enthousiastes de regagner la tanière et d’évoluer pour le Cameroun, surtout dans une compétition comme la CAN, moment important de leur carrière », confie-t-elle. Pourtant l’on apprendra quelques heures plutôt après de minutieuses recherches et de l’avis de plusieurs sources introduites dans la gestion des sélections nationales que le ministère en charge des Finances a débloqué en début d’année une somme de 4 milliards de F CFA pour gérer les problèmes ponctuels des sélections nationales. Une somme qui jusqu’ici manque de traçabilité dans sa gestion parce que son utilisation ne se ressent pas sur le quotidien des sélections nationales de football enfouis dans des problèmes d’argent. Sa destination ? Ils sont peu qui vous diront où l’argent se trouve et comment il est géré. En face, la Fédération camerounaise de football (Fecafoot) semble elle-même épuisée sur le plan financier. Avec plusieurs sélections nationales en activité (Lionnes indomptables A et les U17) et son appui aux clubs du championnat local en terme de subventions, il va se dire que les caisses de « la maison de Tsinga » ne pouvaient pas garantir une bonne préparation à la sélection de Rigobert Song.
Hermann III EWANE