Start-up et PME: Comment passer de l’innovation à l’industrialisation

A l’occasion de l’atelier de dissémination et d’appropriation des résultats des études récemment publiées par le Camercap-Cap du 19 juin 2025 à Yaoundé, les échanges entre participants ont mis en exergue l’impérieuse nécessité de jeter le pont entre les produits innovants des chercheurs et les décideurs en vue de leur passage à l’industrie pour la consommation de masse.
Le Centre d’analyse et de recherche des politiques du Cameroun (CAMERCAP-PARC) propose un certain de pistes de réflexion pour faciliter le décollage de la start-up vers la TPE/PME. Pour les Start-up, le think tank camerounais suggère spécifiquement d’adopter une approche de développement des capacités et compétences essentielles. Ainsi, sur le plan institutionnel, il est question de traduire son rêve dans un support tangible, non pas dans la tête. Il s’agit en réalité d’élaborer et tenir un document de projet qui présente la vision et le plan de développement sur un horizon de 5 à 10 ans.
Prendre le risque d’être visible en assumer de s’installer physiquement quelque part. Cela fait partie de son identification et marquera son histoire qui commence à s’écrire à cet endroit et à cet instant. Sur le plan organisationnel, s’ouvrir au partenariat. On ne peut pas tout faire seul. C’est ensemble et à plusieurs que l’on réussit. Cela dispose à accepter la segmentation de l’activité et la spécialisation selon les tâches et les maillons. Entourer de collaborateurs qui deviendront au fil du temps des spécialistes du domaine. Le think tank suggère de chercher d’abord à comprendre l’environnement et la cible liée à son offre.
Est-ce un produit nouveau et sans concurrent connu dans votre milieu, ou alors une duplication, même avec une amélioration ? C’est une démarche d’itération permettant d’améliorer son offre en temps réel et de surmonter l’incertitude inhérente à tout projet innovant ainsi que les dépenses plus conséquentes engendrées par un produit fini non pertinent. Cette méthode permet de recueillir un maximum d’informations pour améliorer votre produit, votre technologie ou business model. Être flexible et proactif à faire évoluer son business model et ne pas être réfractaire au changement.
Un Etat-stratège
Le constat étant qu’il arrive fréquemment de débuter avec un business model initial et de trouver finalement le succès avec un modèle économique totalement différent, dit du « pivot ». Le pivot est une évolution de la technologie, du produit, de la cible clientèle ou encore du mode de distribution. Le changement d’une seule de ces variables aura un impact sur le business model initial, avec toutes les conséquences structurelles qui en découlent. Il faut repenser son rapport à l’échec. L’échec est en effet une étape pour la croissance de la start-up qui doit être prévue dans le business plan. L’important étant d’apprendre de ses erreurs Les essais et tests permettent d’identifier les zones d’ombres et les axes d’améliorations de son produit et/ou business model. L’itération est le mot d’ordre dans ce processus d’innovation. Sur le plan organisationnel, il faut accepter d’actualiser ses connaissances en permanence. Se former soi-même et former ses collaborateurs : qui cesse d’apprendre s’abroutit et sort de la compétition.
Pour le Gouvernement, la start-up est un statut et non une catégorie de TPE/PME : Il s’agit prioritairement dans le cas du Cameroun, de changer de discours en y mettant un peu plus de fermeté dans l’accompagnement des initiatives. Il convient de dire et de faire admettre qu’un objectif de développement à terme oblige à limiter le statut de start-up dans le temps. On n’est pas start-up à vie ! Le temps de décollage devrait donc ne pas dépasser 3 à 5 ans. Des mesures d’incitation, de facilitation et d’accompagnement doivent donc s’inscrire dans une perspective d’évolution évaluée et validée à période convenue avec l’État et ses démembrements ou partenaires à travers un cahier de charges avec des jalons servant d’indicateurs. C’est cela un État stratège.
Evariste Menounga