Société générale Cameroun : l’Etat rachète 58% des parts détenues par la maison-mère en France

Selon une note signée le 14 juillet par le ministre des Finances, Louis Paul Motaze, l’Etat a usé du droit de préemption pour devenir actionnaire unique.

Société Générale Cameroun (SGC), filiale du Groupe français Société Générale, est désormais la propriété exclusive de l’Etat du Cameroun. C’est ce que révèle une note signée le 14 juillet par le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze. Le membre du gouvernement indique que la signature d’un accord de rachat a lieu ce 15 juillet à Douala.

« Suite à la décision du Groupe Société Générale de se retirer de certains marchés africains, parmi lesquels le Cameroun, le ministre des Finances, sur très hautes Instructions du Président de la République, Son Excellence monsieur Paul Biya, a usé du droit de préemption de l’Etat du Cameroun, actionnaire dans ladite banque à hauteur de 25,6%, pour l’acquisition de l’intégralité des parts (58,08%) détenues par le Groupe Société Générale, en vertu des dispositions de l’article 10.2 des Statuts de Société Générale Cameroun. L’opération reste par ailleurs soumise à la validation des autorités réglementaires à savoir, la Commission Bancaire d’Afrique centrale (COBAC) », affirme la note du Minfi.

La même source indique que, la signature de la Convention de cession (SPA) est l’aboutissement de diverses séances de discussions entre les différentes parties. Dans la même veine, le Minfi indique que la prise de contrôle par l’Etat vise d’une part, « à assurer la pérennité et la continuité des activités de cette banque de référence dans le paysage financier du Cameroun et, d’autre part à protéger et garantir les intérêts des clients, des partenaires ainsi que du personnel ».

Louis Paul Motaze rassure l’ensemble des parties prenantes que l’Etat entend préserver dans la durée, la bonne gouvernance, la transparence et la performance de la banque, tout en envisageant à terme l’ouverture du capital à d’autres partenaires stratégiques nationaux et/ou internationaux. « Le Gouvernement réaffirme son engagement au renforcement d’un système bancaire robuste, inclusif et performant, au service du développement économique et social du Cameroun », mentionne la note ministérielle.

L’État du Cameroun a proposé une enveloppe de 122,64 milliards FCFA pour racheter 58 % des actions de la SGC. Cette offre est détaillée dans une correspondance datée du 16 janvier 2025 et adressée au président du Conseil d’administration de la SGC.

L’offre financière avancée par l’État repose sur une évaluation fondée sur le Discounted Dividend Model (DDM), une méthode qui valorise l’entreprise en fonction des flux futurs de dividendes actuels. Cette approche a conduit à une révision à la baisse de la valeur comptable de la Société Générale Cameroun (SGC), la deuxième plus grande banque du pays, dont les fonds propres passent de 142,9 milliards FCFA à 135,3 milliards FCFA, selon le Minfi.

Baisse de valeur

Pour justifier cette diminution de la valeur de SGC, le gouvernement s’appuie sur les conclusions d’un audit et d’une due diligence réalisés par Grant Thornton France/Cameroun/Côte d’Ivoire. Ce cabinet international, mandaté par l’État camerounais, a identifié plusieurs ajustements comptables ayant un impact direct sur la valorisation de la banque. En effet, l’analyse des créances bancaires a révélé que certaines nécessitaient un réajustement de provisionnement conformément aux règles de la Commission bancaire de l’Afrique centrale (Cobac). Cette correction a entraîné une diminution de 7,761 milliards FCFA de la valeur comptable de la banque, en raison des créances douteuses.

L’audit a également mis en évidence un écart entre la comptabilité de gestion et l’inventaire physique des immobilisations de la Société Générale Cameroun (SGC). La réévaluation des actifs immobilisés a conduit à une correction supplémentaire de 1,393 milliard FCFA. Enfin, la liquidation de YUP Cameroun, la filiale de services financiers mobiles de la SGC, en cessation d’activité depuis septembre 2024, a eu un effet négatif sur la valorisation de la banque. Toutefois, l’État n’a pas précisé l’impact financier exact de cet ajustement. On sait cependant que la SGC, l’État du Cameroun et l’assureur Allianz ont perdu près de 5 milliards FCFA dans la faillite de YUP.

Oumarou Mey

 

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