SANTÉ NUMÉRIQUE : Le Cameroun élabore un plan stratégique
Les experts du ministère de la Santé publique se sont réunis durant 4 jours à Kribi dans la Région du Sud, dans le cadre de l’atelier de validation du Plan stratégique national de santé numérique pour la période 2020-2024.
Ce nouveau plan a pour objectifs l’amélioration de la gouvernance et le leadership dans le domaine de la santé numérique, le développement des ressources humaines en qualité et en quantité nécessaires à l’implémentation de la santé numérique, le développement des infrastructures de traitement et de partage des informations sanitaires entre les structures de santé et les communautés au plan national et international.
Selon le ministère de la Santé publique, «un accent particulier est mis sur le respect de la sécurité, de la confidentialité des données et de la vie privée des patients, tout comme sur le strict respect du secret médical. En somme, la mise en place d’un cadre légal et réglementaire de la santé numérique s’impose.» Promesse est faite de transformer le système de santé au bénéfice des populations, avec un accent sur la facilitation des actes des praticiens et professionnels de la santé.
C’est depuis 2018 que le ministère de la Santé publique et les partenaires au développement ont lancé le processus d’élaboration du plan stratégique national de santé numérique conformément à la résolution de l’OMS. Tous les acteurs publics et privés œuvrant dans le domaine de la santé et des TICs au Cameroun sont également associés.
A en croire le ministre de la Santé publique, Dr Manaouda Malachie, « la santé numérique permettra à terme, de répondre aux besoins de santé des populations et l’amélioration des conditions de vie par l’accès aux meilleurs soins de santé, mais aussi de permettre aux praticiens et aux patients de prendre de bonnes décisions sur leur état de santé et de jouir des soins de santé personnalisés. »
E-SANTE
La santé numérique encore appelée e-santé englobe la santé électronique (information, ressources et services liés à la santé, fournis par voie électronique), ainsi que des domaines en développement comme l’informatique de pointe (par exemple, le « big data », c’est à dire de grandes quantités de données provenant de différentes sources qui peuvent fournir des renseignements précieux sur la santé de la population) et l’intelligence artificielle (IA), qui permet à des systèmes informatiques d’effectuer des tâches exigeant normalement des capacités humaines, comme la faculté de prendre des décisions.
Les technologies exploitées par l’e-santé sont notamment la télémédecine, les téléphones mobiles et leurs applications, les dispositifs portables, la robotique, la réalité virtuelle, l’IA et la génomique (une discipline qui utilise les données de séquençage du génome d’un individu pour diagnostiquer les maladies).
Les technologies de santé numérique doivent améliorer l’accès aux services de santé, faire baisser les coûts, améliorer la qualité des soins et accroître l’efficacité des systèmes de santé. Elles devraient offrir des possibilités en matière de soins auto administrés. Les technologies qui aident les gens à vivre plus sainement peuvent également diminuer le coût des systèmes de santé.
Les innovations en matière de santé numérique, peuvent rendre les systèmes de santé plus efficaces et personnalisés. Elles peuvent également permettre la détection précoce de certaines maladies et la mise au point de médicaments adaptés aux individus. En gros passer facilement du traitement à la prévention pour une meilleure santé des populations. Des appareils numériques aident déjà à contrôler la fréquence cardiaque et la glycémie. Ils peuvent limiter le nombre de visites coûteuses aux urgences en avertissant une personne qu’elle doit consulter un agent de santé. En fournissant des moyens de saisir et d’exploiter des informations en rapport avec la santé, ces dispositifs aident les gens à mener une vie plus saine.
FAISABILITÉ AU CAMEROUN
Les systèmes de santé numérique nécessitent une transformation des rôles des professionnels de santé. Si le désir du gouvernement est louable, il se posera probablement un problème de coût. Ceux qui auront les moyens pourront s’offrir ces services au Cameroun sans plus aller à l’étranger. Ce qui est sûr, c’est que pour un début, on pourra choisir des structures pilotes pour commencer et ce sera disponible pour une certaine clientèle.
En plus du financièrement qui ne sera pas accessible à tous, il faudra un réseau informatique stable pour gérer et analyser ces données en temps réel. Tout le monde ne peut pas s’offrir un pacemaker connecté au téléphone de son cardiologue. Ce processus suppose également la numérisation des dossiers et leur archivage, la création de bibliothèques numériques pour, par exemple, retrouver le nom d’un patient grâce au numéro de série d’une prothèse ou d’un implant.
Mis à part le problème du financement et de la stabilité de la connexion internet, il sera aussi indispensable d’avoir de l’énergie électrique. Au moins pour que les appareils qui ont la charge de transmettre les informations sur le patient soient opérationnels et connectés. Cette stratégie pourrait essentiellement être réservée aux populations des zones non-enclavées.
Il est hâtivement nécessaire de procéder à une intervention multisectorielle. Les experts de la santé doivent travailler avec ceux de l’éducation pour préparer les populations et le personnel soignant à l’utilisation quotidienne de ces nouveaux outils. Mais la réussite de la mise en place de la stratégie repose en grande partie sur la connectivité des outils.