Retour des pluies : Aucune action pour stopper les inondations à Douala

Caniveaux bouchés, abandon des chantiers de construction des drains, tas d’immondices, constituent entre autres des freins au passage des eaux.
En ce début de saison pluvieuse, l’administration ne fait rien pour limiter inondations dans la capitale économique. Déjà, les populations du lieu-dit Carrefour Marché des Rails dans le 4e arrondissement redoutent le pire. Ici, lorsqu’il pleut, impossible pour les eaux de se frayer un chemin. Les inondations à cet endroit sont à mettre à l’actif de l’abandon des chantiers de construction des caniveaux, mais aussi à la mauvaise gestion des déchets dans cet arrondissement. « Depuis bientôt cinq ans qu’ils ont livré le chantier de la route, ils ne sont plus jamais venus achever la construction du drain. Ce dernier devant permettre le passage des eaux dans le marché », déplore Alain, commerçant au marché des Rails à Bonabéri depuis plus de 10 ans.
A cet endroit, seuls les garde-fous avec des ficelles pour signaler le danger, sont visibles. Aucun caniveau, aménagé pour le passage des eaux « Comment est-ce que vous voulez que l’eau circule ? Ces ingénieurs qui ont fait la route, ont transformés la voie ferroviaire en une rigole. Conséquence, lorsque l’eau manque • Par Charles Totchum (stg) de passage, elle est obligée d’envahir nos comptoirs », ajoute Alain. Malgré la bonne volonté des commerçants de ce marché d’assainir les lieux, la situation ne change pas. « Chaque ‘’Jeudi propre’’ nous mettons les bottes et nous entrons dans l’eau pour curer la rigole mais rien ! L’eau ne circule pas. Ce qu’on peut faire c’est juste retirer les plastiques dans les rigoles », indique une commerçante.
À environ deux kilomètres de là, le Rond-point Bésseké, toujours au quartier Bonabéri, se trouve confronté au même phénomène. Ici, des tas d’immondices ont élu domiciles dans le drain. L’absence de caniveaux en ces lieux n’arrange pas la situation non plus. Face à la situation, pas besoin d’une forte pluie pour que la chaussée soit submergée. Autre lieu, autre fait. Au quartier Ange Raphaël, les étudiants de l’université de Douala sont obligés de patauger à chaque fois qu’ils rendent au Campus. L’absence de rigoles et la dégradation de la chaussée à créer de véritables « lacs ». L’incivisme des populations n’est pas des moindres. Les ordures ménagères jetées le long du mur du Campus et sur la voie publique se sont constituées en barrières au passage des eaux.
« Lorsque l’entreprise en charge du ramassage des ordures ménagères, Hysacam, manque à l’appel, les populations profitent des fortes pluies pour s’en débarrasser », dénonce Ryan, étudiant.
Que prévoit la loi ?
D’autres usagers vont encore loin dans cet incivisme. Sur une moto ou dans une voiture, les déchets des aliments consommés sont jetés sans scrupule sur la route « et ce sont ces mêmes déchets qui viennent bloquer ce qui nous servent de caniveaux », décrie Victorine, une autre commerçante. Comment comprendre que l’administration soit aussi muette face à l’insalubrité à laquelle est confrontée la ville de Douala ? Pourtant, le pays fait face à une épidémie de choléra et la capitale économique est touchée.
Cette administration semble ignorer la loi N˚96/12 du 5 août 1996 portant loi-cadre relative à la gestion de l’environnement, qui prévoit à son article 5 du 2e chapitre que « les lois et règlements doivent garantir le droit de chacun à un environnement sain ». A Douala, aucune action entreprise par les autorités compétentes ne se fait ressentir. Les populations peu sensibilisées à la gestion des déchets, sont abandonnées à leur sort. Les employés de la société Hysacam font constamment grève à cause des impayés. Aussi, l’article 27 de la même loi stipule que « les plaines d’inondations font l’objet d’une protection particulière. Cette protection tient compte de leur rôle et de leurs compétences dans la conservation de la diversité biologique ». Au vu de la recrudescence des inondations sur les routes chaque saison de pluie, l’on se pose la question à savoir, où vont ces budgets votés chaque année par les mairies pour l’assainissement de la ville ? La ville de Douala, socle de l’économie du Cameroun, a soif d’un environnement salubre.