Relance et résilience: La CDC face à des années de turbulences
La Cameroon Development Corporation a traversé une crise majeure entre 2018 et 2022. Aujourd’hui, avec le paiement intégral des salaires et le soutien de l’État, l’entreprise se redresse et relance sa dynamique industrielle.
En 2025, la Cameroon Development Corporation (CDC) célèbre plus qu’une longévité : la survie face à des crises successives qui ont failli l’anéantir. « En soixante-dix-huit années d’existence, notre entreprise a surmonté de nombreuses tempêtes économiques », a rappellé Franklin Njie, Directeur général de la CDC. Pourtant, la crise sociopolitique des régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest a frappé plus durement que tout autre événement, paralysant presque toutes les unités de production en 2018 et laissant plus de 12 000 employés à l’arrêt.
Les conséquences ont été dramatiques. Les revenus issus des ventes sont tombés à 3,8 milliards de FCFA en 2019, contre environ 55 milliards avant la crise. Les fonds propres ont chuté de +44,9 milliards en 2016 à –35 milliards en 2023, plongeant l’entreprise dans un déficit structurel profond. « La persévérance et le dévouement exceptionnels de nos travailleurs ont été essentiels pour résister », a salué Franklin Njie, en indiquant que l’appui constant du Gouvernement a été déterminant.
Il a expliqué que dès 2018, le Chef de l’État, Paul Biya, a interdit tout licenciement malgré les dispositions légales existantes, protégeant ainsi la dignité des employés. En outre, un contrat de performance, préparé dans le cadre du Comité interministériel de restructuration, visait à restaurer productivité et efficacité. « Cependant, la crise sécuritaire a bouleversé cette trajectoire, rendant le plan quasi inopérant », se souvient-il. Toutefois, face à l’ampleur des pertes, le gouvernement a agi.
« La Convention de reprise de dettes de 91,8 milliards de FCFA, signée le 10 juillet 2024, a permis de redresser les fonds propres à +23,7 milliards au 31 décembre 2024 et de régler définitivement les arriérés de salaires. Le paiement, échelonné entre 2024 et 2025, a restauré motivation et engagement des employés. Aujourd’hui, nous voyons les fruits de cette décision courageuse : le personnel retrouve sa dignité et la confiance est rétablie », se félicite le DG de la CDC. Aussi, l’État a également soutenu la CDC à travers des financements structurés, des budgets d’investissement public et un financement présidentiel pour réhabiliter les plantations abandonnées.
De même, se remémore Franklin Njie, « lorsque Del Monte avait envisagé de se retirer en 2012, l’intervention présidentielle avait permis la conclusion d’un nouvel accord avec la Compagnie Fruitière, assurant la continuité des exportations et consolidant un pilier essentiel de la résilience de la société ». D’après un cadre de la CDC, les projets de diversification agricole et industrielle s’accélèrent. « Le 22 septembre 2025, deux décrets présidentiels ont autorisé la construction d’une nouvelle huilerie à Idenau et d’une usine de transformation du caoutchouc à Mpenda-Mboko ». Ces initiatives s’ajoutent à la relance progressive des bananeraies, « dont 14 000 tonnes devraient être exportées en 2025, un chiffre en hausse constante depuis 2020 ».
H.T

