Relance économique: Le Gecam trace la voie d’un patronat mobilisé

Le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) a tenu sa première Assemblée Générale Ordinaire le 28 mai 2025, faisant le point sur les résultats obtenus et les défis à relever.
Le Groupement des entreprises du Cameroun (Gecam) a réuni ses adhérents le 28 mai 2025 à Douala pour sa toute première Assemblée Générale Ordinaire (AGO) depuis la création de son Conseil d’Administration en avril 2024. Cette réunion a été l’occasion de dresser un bilan des premiers résultats d’un patronat unifié face à une conjoncture économique mondiale et régionale contrastée.
Le président du Gecam, Célestin Tawamba, a ouvert les débats en contextualisant l’environnement économique. En 2024, la croissance mondiale a légèrement ralenti (3,3 % contre 3,5 % en 2023) tandis que l’Afrique subsaharienne enregistrait une progression notable, à 4 %. La zone Cemac et le Cameroun faisaient mieux que la moyenne régionale, avec respectivement 2,9 % et 3,6 %, portée par une dynamique vigoureuse des secteurs non pétroliers.
Pour le Cameroun, cette croissance, d’après Célestin Tawamba, repose sur l’agriculture d’exportation, l’industrie agroalimentaire et les services financiers, télécommunications et commerce, des secteurs porteurs d’innovation. « À l’inverse, le secteur pétrolier s’enfonce dans une crise profonde avec une chute de près de 9 % en 2024, impactant lourdement l’économie ». Malgré ces indicateurs positifs, le Gecam souligne des obstacles majeurs qui freinent le développement des entreprises : le coût élevé de la production, l’accès difficile au financement, la lenteur des remboursements de la Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA), l’état dégradé des infrastructures routières, la pénurie d’énergie, la corruption et une concurrence déloyale.
Le Gecam appelle à une réforme de la loi sur les incitations aux investissements
Face à ce tableau, le patronat a présenté ses actions engagées depuis sa mise en place, structurées autour de cinq axes prioritaires : renforcer le dialogue avec le gouvernement, offrir des services adaptés aux entreprises, soutenir les PME-TPE, consolider les partenariats économiques et assurer un financement durable du patronat. Le Groupement a notamment « lancé sept commissions techniques sectorielles, revu son organisation interne pour plus d’efficacité, et créé des guichets administratifs dédiés à ses membres », a détaillé le patron des patrons. Il a indiqué que sur le plan fiscal, il a maintenu la pression sur le ministère des Finances pour obtenir une politique plus juste, tout en dénonçant l’impact négatif de la fiscalité locale et des pratiques fiscales discriminatoires.
Parmi les autres combats du Gecam : « l’agonie de l’industrie du médicament, avec plusieurs entreprises locales menacées de fermeture, l’insécurité juridique liée à l’annulation abusive de titres fonciers, et surtout l’exode massif des talents qualifiés vers l’étranger, phénomène alarmant qui affaiblit la compétitivité nationale ». Le Gecam a également alerté sur la surcapacité de production industrielle dans certains secteurs, qui génère une concurrence malsaine, provoquant pertes économiques et risques sociaux. Il réclame la suspension temporaire des nouveaux agréments industriels et appelle à une réforme de la loi sur les incitations aux investissements.
Sur le front des infrastructures, « l’état catastrophique des routes nationales, notamment les axes stratégiques N°3 et N°5, nuit au commerce et à l’image du pays », a déploré le président du Gecam. « Des progrès d’entretien ont été constatés, mais le Groupement réclame une politique de long terme pour moderniser ces infrastructures, ainsi que les aéroports, vitrine du Cameroun », a-t-il renchérit en lançant un appel solennel à une prise de conscience collective : « il urge d’adopter des politiques fiscales cohérentes, d’accélérer les investissements, de renforcer les infrastructures et de créer un climat favorable aux entreprises, notamment aux PME, afin d’atteindre l’objectif ambitieux d’une croissance à 8 % par an ».
H.T