Région de l’Est: Les élites mobilisées pour la paix
De Garoua-Boulaï à Batouri, en passant par Mandjou et Bertoua, Joseph Le, a conduit, les 20 et 21 octobre dernier, une délégation des élites de la région du soleil levant avec pour mission de prêcher l’unité et la responsabilité citoyenne face aux risques de tensions post-électorales.
Alors que le pays retient son souffle dans l’attente de la proclamation des résultats de l’élection présidentielle du 12 octobre derniers, annoncées pour ce 22 octobre, la région de l’Est choisit d’agir plutôt que de réagir afin de préserver la paix en contexte post-électoral déjà tendu. Portant le message d’apaisement, de vigilance et de cohésion nationale, le ministre de la Fonction publique et de la Réforme administrative(Minfopra), par ailleurs membre du comité de pilotage de la plateforme pour le développement de la Région de l’Est, était à la tête d’une délégation, les 20 et 21 octobre dernier qui les a conduit dans les localités de Garoua-Boulaï, Mandjou, Bertoua et Batouri.
Entouré d’élites politiques, institutionnelles, traditionnelles et communautaires venues de toute la région, le membre du gouvernement a transmis, au nom du chef de l’État, Paul Biya, un message clair : préserver la paix, respecter la démocratie et faire barrage à toute forme de manipulation politique. Une parole forte, dans un contexte marqué des velléités de troubles post-électoraux alimentées par certains candidats.
À chaque étape, le mot d’ordre est donc resté le même : refuser les divisions, renforcer le vivre-ensemble et défendre l’unité nationale. « Ceux qui soufflent sur les braises ne seront jamais là pour reconstruire ce qu’ils auront détruit. La paix est un héritage à défendre, pas un acquis à négliger », a martelé le Minfopra à Garoua-Boulaï. Avant de questionner : « Quand tout sera détruit, quand les écoles, les hôpitaux, les marchés et les maisons auront brûlé, quand les enfants auront fui, quand les familles seront endeuillées, qui restera-t-il pour gouverner ? Des ruines ? Des larmes ? Des tombes » ?
À Mandjou comme à Bertoua, capitale régionale, les leaders locaux ont salué l’initiative, promettant de relayer le message dans les églises, mosquées, marchés et réunions de quartier. La cohésion sociale, martèlent les élites, n’est pas une option, mais une condition de survie collective dans un Cameroun marqué par la diversité linguistique, ethnique et culturelle. À Batouri, l’étape a été marquée par un engagement solennel des autorités locales et des forces vives, réunies autour du slogan : « Ensemble, faisons rayonner la paix dans l’Est et au-delà ».
La mission s’inscrit dans une stratégie préventive. Si la présidentielle du 12 octobre s’est déroulée dans le calme, les autorités redoutent les manipulations post-électorales destinées à contester les résultats, quelle que soit leur nature. Joseph Le, a mis en garde contre les appels au désordre lancés par des politiciens « tapis dans l’ombre », dont l’objectif n’est pas le progrès, mais l’instabilité.
L’État se veut ferme, mais rassurant. Il entend garantir l’ordre public par la loi, tout en appelant les populations à être les premières bâtisseuses de paix. « Notre avenir ne se construira pas dans la rue, ni sur les cendres de nos écoles ou de nos marchés. Il se construira par le dialogue, la responsabilité et l’unité », a-t-il déclaré. Et après de conclure : « Oui, la paix est notre bien le plus précieux. La paix n’a pas de prix. Sans elle, rien ne tient : ni les écoles de nos enfants, ni les champs qui nourrissent nos familles, ni les routes qui relient nos villages, ni les hôpitaux qui soignent nos malades ».
Par Julien Efila

