Quelles sont les principales failles que vous observez, notamment du côté des établissements financiers et des bureaux de change ?

Éric Pokem, Sous-directeur des Changes et des transferts à la Direction générale du Trésor
« Le manque de devises dans les bureaux de change alimente le marché clandestin »
Les principales failles dépendent des intermédiaires agréés. Si l’on prend le secteur des bureaux de change, la grande problématique est le manque d’approvisionnement en devises. Cette question a longtemps été soulevée. En effet, les bureaux de change n’ont pas assez de devises pour répondre aux besoins de leur clientèle. Actuellement, seuls les établissements de crédit peuvent importer des devises, et principalement l’euro. Il est souvent difficile d’importer des dollars et d’autres monnaies. Les bureaux de change sont donc obligés de se procurer cette monnaie auprès des voyageurs. Le manque de devises fait que le marché clandestin gagne du terrain dans la rue, ce qui constitue un véritable problème pour l’autorité monétaire et le ministre des Finances, qui souhaite absolument que le change dans notre espace économique se fasse comme dans les autres zones, auprès des bureaux de change agréés, que ce soit à l’aéroport ou dans les grandes places de nos grandes villes.
En ce qui concerne le secteur bancaire, on les incite à faire toutes les déclarations et à fournir toutes les informations à l’autorité monétaire afin que nous puissions mieux suivre l’actualité. Ils le font déjà bien, mais il existe encore quelques failles, notamment au niveau des déclarations après des emprunts remboursés et des investissements directs sortants pour lesquels les remboursements n’ont pas été effectués, et pour lesquels nous ne sommes pas informés. Imaginez qu’un opérateur économique de la zone Cemac, par exemple, prenne une action en France ou une obligation et qu’on lui demande de verser 100 000 chaque mois, soit l’équivalent de 150 euros. Il doit donc amener dans notre zone monétaire l’équivalent de 150 euros chaque mois, et à la fin, il nous envoie le principal. Si, un mois, il ne le fait pas, il doit nous en expliquer la raison. C’est cela, la surveillance monétaire. C’est à partir de ces rapatriements d’emprunts et de prêts accordés, ainsi que de nos principales importations, que nous constituons nos réserves de change.
Si vous regardez le communiqué des chefs d’État, nous avons beaucoup mis l’accent sur le rapatriement des recettes d’exportation, qui est fondamental. Sans cela, nous ne pourrions pas avoir de réserves de change. À ce niveau, il est important de féliciter les banques qui ont travaillé dur, mais nous les appelons encore à renforcer les contrôles au niveau du rapatriement des recettes d’exportation et à fournir tous les documents nécessaires, notamment les avis de crédit auprès de l’Autorité Monétaire, qui délivre ces attestations.
Propos recueillis par H. T.