Présidentielle 2025: Paul Biya choisit Maroua pour son entrée en campagne
Comme annoncé, le chef de l’Etat s’est finalement rendu dans la capitale de l’Extrême-Nord ce mardi 07 octobre 2025 dans le cadre d’un premier meeting qui met momentanément un terme aux spéculations les plus folles sur l’incapacité du Président sortant à descendre dans l’arène pour affronter ses concurrents, en attendant la dernière étape de clôture annoncée.
Paul Biya en meeting à Maroua pour la présidentielle 2025 ce mercredi 07 octobre 2025, dans le cadre d’une première étape d’une série de deux déjà annoncée par l’équipe de campagne du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc). Le choix de Maroua, la capitale de la région de l’Extrême-Nord relève d’un calcul politique savamment orchestré. Il est question pour le Président sortant d’engranger le maximum de votes dans ce fief électoral riche en électeurs, jadis bastion du Rdpc, mais dorénavant concurrentiel et objet de toutes les convoitises, notamment des deux principaux challenger de Biya dans le Grand-Nord en général : Bello Bouba Maigari, candidat de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (Undp) et Issa Tchiroma sous la bannière du Front national pour le salut du Cameroun (Fsnc).
Paul Biya a été accueilli chaleureusement dans la ville de Maroua, où il avait déjà organisé un meeting de campagne présidentiel en 2018, mettant un terme à une inactivité qui commençait à peser assez lourd sur la balance des joutes électorales. Allégations amplifiées, alors que les candidats se préparaient à entrer en campagne, Biya choisissait de s’envoler pour l’Europe pour un séjour privé de quelques jours.
Et pour ne rien arranger, pour lancer sa campagne, il choisira de vanter ses réalisations à travers une vidéo générée par intelligence artificielle. Cette décision a suscité des critiques à un moment où les autres candidats de l’opposition courtisaient activement les électeurs sur le terrain. Sa visite à Maroua prend un cachet tout particulier, car intervenant aux lendemains de la rupture politique avec ses ex-alliés de la région du Nord, qui ont critiqué son style de gouvernance. Biya, qui n’a jamais perdu une élection, est naturellement pressenti comme favori pour remporter l’élection du 12 octobre.
Le Nord vers la fronde ?
Mais l’édifice se lézarde et des critiques fusent de partout, à l’instar de cette lettre ouverte au candidat-président Paul Biya par le journaliste Lazare Kolyang, originaire de l’Extrême-Nord. Un pamphlet qui tranche avec la sempiternelle langue de bois ambiante : vous êtes annoncé ce mardi 07 octobre à Maroua pour lancer votre campagne. Comme en 2018. Comme en 2011. Comme en 2004. Et comme toujours, c’est dans « NOTRE NORD » que vous venez chercher vos plus gros scores. Fidèlement. Massivement. Silencieusement. Mais aujourd’hui, permettez qu’on brise le silence. Maroua vous accueillera, mais Maroua souffre. Le « Nord », que vous connaissez si bien, est à bout de souffle : nos routes sont toujours des pistes de poussière. Nos jeunes s’enlisent dans l’oisiveté. L’hôpital est un couloir d’attente vers la mort lente. L’école publique est un luxe et non un droit. La misère est devenue un mode de survie. La sécurité ? Elle reste un vœu pieux dans plusieurs coins de la région.
« En 2018, vous avez promis l’emploi, les infrastructures, la sécurité, la modernisation. Qu’avons-nous reçu ? Du béton pour un bâtiment public, pendant que les centres de santé manquent de seringues. De belles affiches, pendant que les enfants apprennent sous les arbres. Monsieur le Président, en tant que fils de ce « Nord » oublié, je ne peux pas me réjouir de votre venue sans vous dire la vérité : votre bilan ici est un échec. Nous ne voulons plus de promesses, mais des réalisations. Le « Nord » mérite mieux que d’être un réservoir de voix. Le « Nord » mérite une vie digne.
Bienvenue donc, Monsieur le Président-Candidat, dans la poussière de Maroua. Mais cette fois, écoutez-nous. Vraiment ! ».
Evariste Menounga

