Port de Douala: 97 milliards pour lancer le terminal vraquier

Porté par AFG Bank, ce financement lance la phase 1 d’un projet estimé à 233 milliards FCFA. Il prévoit un terminal de 36 hectares, 900 mètres de quai et une mise en service en 2028.
C’est un tournant que le Port de Douala-Bonabéri vient de prendre sur la rive droite du Wouri. Ce 28 mai 2025, l’annonce du bouclage financier d’un projet hors norme a marqué les esprits : un terminal mixte vraquier de 36 hectares, doté de 900 mètres de quai, va émerger d’ici cinq ans. Derrière ce chantier estimé à 356 millions d’Euros, soit 233 milliards FCFA, un partenariat public-privé, une stratégie industrielle assumée, et un objectif clair : faire de Douala un hub portuaire de classe mondiale.
Le financement, désormais sécurisé, repose sur un premier apport de 147 millions d’euros (environ 97 milliards FCFA) mobilisés par Atlantic Financial Group (AFG Bank) et un pool bancaire. Une enveloppe qui lance la phase 1 du projet, portée par Africa Ports Development (APD), société de projet dédiée à cette réalisation. À terme, c’est un complexe portuaire à haute capacité qui verra le jour : silos de 120 000 tonnes, entrepôts de 31 000 m², bâtiments administratifs et techniques, convoyeurs, voies ferrées, pipelines et système anti-incendie dernier cri.
Un prolongement stratégique du port actuel, selon le Directeur général du Port Autonome de Douala (PAD), Cyrus Ngo’o, qui voit en ce développement un vecteur de performance logistique et d’attractivité économique. « Ce projet redessine l’image du port : une entreprise moderne, tournée vers les standards internationaux », a-t-il affirmé. Le terminal, situé sur un terre-plein de 36 hectares, « accueillera son premier navire vraquier en 2028, en concrétisation d’une promesse présidentielle faite en 2011 », a assuré l’Administrateur général d’APD, Wissan Dakour El Aridi. Mais c’est dès maintenant que s’engage une transformation profonde. À la fois technique, territoriale et économique.
Pour Léon Koffi, Président du Conseil d’administration du Groupe AFG Bank, ce projet « répond aux attentes des opérateurs économiques nationaux et sous-régionaux ». Il promet de réduire les temps d’escale, augmenter la capacité d’accueil des navires et optimiser la chaîne logistique au Cameroun comme dans toute la région Cemac. Selon les explications de Wissan Dakour El Aridi, le chantier sera structuré en quatre grandes étapes : travaux maritimes, infrastructures, bâtiments et montage des équipements d’exploitation. Déjà, a-t-il détaillé, la première phase prévoit la construction de 450 mètres de quai (quais 53 et 54), la création d’un bâtiment administratif de 4 000 m², un atelier de maintenance de 3 250 m², un magasin de stockage de 3 000 m² et l’installation de silos haute capacité.
Piloté par APD, le projet s’inscrit dans une logique BOT (Build, Operate and Transfer), garantissant une exploitation privée avant rétrocession à l’État. Il matérialise aussi la continuité du programme d’investissement lancé par le PAD sous l’impulsion de Cyrus Ngo’o. Au-delà des chiffres, c’est une ambition que scelle ce financement : celle d’un port camerounais résilient, performant, et fer de lance de la logistique maritime en Afrique centrale. Une vision qui s’ancre, désormais, solidement sur la rive droite du Wouri.
Hélène Tientcheu