Municipales et législatives : Aux urnes le 9 février 2020

C’est la substance d’un décret signé le 10 novembre 2019 par le président de la République. Paul Biya reste fidèle à lui-même. Seul maître à bord du navire Cameroun. Il vient encore de surprendre. En signant le dimanche 10 novembre 2019 un décret laconique (trois articles) portant « convocation du corps électoral en vue de l’élection des députés à l’Assemblée nationale et des conseillers municipaux [pour le dimanche 9 février 2019] ».

Depuis quelques jours, la toile, surtout les réseaux sociaux étaient inondés des messages de toutes sortes en lien avec cette actualité. Pour la plupart, ils indiquaient que « Paul Biya allait encore proroger le mandat des députés et des conseillers municipaux ». Les tenants de cette thèse se basaient sur le fait que « le président de la République va arrimer son agenda sur celui de la session parlementaire [qui débute le 12 novembre 2019, ndlr] et au cours de laquelle députés et sénateurs vont plancher sur les résolutions du grand dialogue national (GDN) qui s’est déroulé à Yaoundé du 30 septembre au 4 octobre 2019 ». Pour être plus précis, les mêmes avançaient qu’« une élection ne peut pas se dérouler tant que l’on n’aura pas résolu les questions liées à la décentralisation mais surtout au statut particulier des Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest tel qu’édicté par le GDN ».

Face à eux, ceux qui pensent que « Paul Biya ne pourra plus se risquer à une nouvelle prorogation du mandat des députés et des conseillers municipaux ». Ils fondent leurs arguments sur les raisons ayant poussé le président de la République à prendre ces décisions. La première fois, il s’agissait de «crise sécuritaire (article 4 de la Constitution, ndlr), notamment dans les Régions du Nord-ouest et du Sud-ouest. Dans un tel contexte, une nouvelle prorogation aurait donné raison à ceux qui soutenaient que « le pouvoir de Yaoundé n’a pas la maîtrise de la situation sécuritaire en zone anglophone ». Et aurait entériné la sécession du pays, selon le Social Democratic Front (SDF).

Au sujet de la seconde prorogation, Paul Biya évoquait « un engorgement du calendrier électoral », les mandats du président de la République, des députés et des conseillers municipaux arrivant à échéance entre le 15 octobre et le 3 novembre 2018. « La tenue de ces élections présidentielle, législatives et municipales, au regard de la date de la convocation du corps électoral (courant juin-juillet 2018) entraînera un chevauchement des différentes opérations relatives à ces scrutins », indiquait alors M. Biya dans un décret pris le 15 juillet 2019. Que le gouvernement justifiait également devant les députés par « le souci de préparer le déroulement serein de la session parlementaire de novembre généralement consacrée à l’examen de la loi des finances ».

Le chemin ayant été balisé (retour progressif à la normale dans la zone anglophone et assurance de la tenue de la session parlementaire de novembre, ndlr), rien ne s’opposait donc plus à ce que le corps électoral fut convoqué pour les législatives et les municipales l’année prochaine. En appendice, une nouvelle prorogation aurait été un sérieux frein à la mise en œuvre effective de la décentralisation. Surtout avec la mise en place des conseils régionaux dont le collège électoral est, entre autres, constitué de conseillers municipaux. Ce, alors que le budget de fonctionnement de ces entités était mentionné dans la dotation générale de la décentralisation pour…2019.

Bernard BANGDA

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