Motos électriques : Spiro mise sur le Cameroun pour électrifier l’Afrique centrale

Le constructeur indien de motos électriques a récemment choisi Douala comme tête de pont pour s’implanter dans la zone Cemac, avec une stratégie ambitieuse de déploiement industriel et commercial.

La marque indienne Spiro, spécialisée dans les motos électriques, a officiellement lancé ses activités au Cameroun, une première en Afrique centrale. Lors de la cérémonie organisée à Douala le 10 mai dernier, en présence de représentants gouvernementaux, diplomates et investisseurs, l’entreprise a révélé son plan d’action pour électrifier les routes du pays tout en générant des emplois et en réduisant la pollution.

Déjà active dans sept pays africains, dont le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Kenya, l’Ouganda, le Rwanda et récemment la Tanzanie, Spiro voit en Douala et Yaoundé des pôles stratégiques pour étendre son influence dans la zone Cemac. A en croire le top management, son arrivée s’inscrit dans un contexte favorable à la transition énergétique, avec près de 30 millions de motos thermiques utilisées comme taxis sur le continent et un fort potentiel de conversion vers l’électrique. « Conçues pour affronter les reliefs et routes africaines, les motos Spiro sont dotées de moteurs centraux robustes, capables de grimper les collines les plus ardues et d’assurer stabilité et fiabilité sur les terrains difficiles ». Selon la marque, ces motos entièrement fabriquées par Spiro offrent une performance supérieure aux motos thermiques, pour un coût moindre et un impact environnemental réduit.

Spiro ne se limite donc pas à vendre des véhicules. L’entreprise déploie le plus grand réseau africain de stations d’échange de batteries, apprend-on. « Ce qui permet aux conducteurs de remplacer rapidement leurs batteries, supprimant ainsi le problème de l’autonomie », a assuré Rahul Gaur, Directeur général de Spiro pour le Cameroun et l’Afrique de l’Ouest. D’après lui, à terme, une station tous les 3 KM est prévue dans les grandes villes, avec un coût d’utilisation d’environ 1 500 FCFA pour 100 KM, soit bien moins qu’un plein classique. Il a indiqué que le modèle économique repose sur un système de leasing, avec des motos proposées à 540 000 FCFA l’unité. « Spiro cible particulièrement les conducteurs de motos-taxis, pour qui les économies en carburant et entretien peuvent atteindre 45 % par an ». Par ailleurs, l’entreprise mise sur la création de centaines d’emplois locaux, directs et indirects, dans les stations, ateliers de maintenance, et bientôt une usine d’assemblage locale. La formation des techniciens camerounais est au cœur du projet, Spiro affirmant vouloir s’appuyer sur les compétences locales plutôt que sur des expatriés.

La stratégie d’expansion de Spiro s’est récemment renforcée grâce à une facilité de crédit de 50 millions USD (environ 29,1 milliards FCFA) signée avec Afreximbank le 17 mai 2024. Ce financement vise à intensifier le déploiement d’infrastructures et à lancer de nouveaux modèles de motos d’ici fin 2025. Ce partenariat témoigne de la confiance des bailleurs dans le modèle durable de Spiro, qui revendique déjà plus de 341 millions de kilomètres parcourus par ses motos en Afrique. Occasion pour le PDG Kaushik Burman d’inviter l’État camerounais à soutenir la mobilité électrique à travers des incitations fiscales, un cadre réglementaire adapté et des partenariats public-privé. Pour lui, faire du Cameroun un modèle régional de mobilité verte est une ambition réaliste, à condition que les pouvoirs publics s’engagent dans cette transition.

 

Hélène Tientcheu

 

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