Minette Libom Li Likeng, ministre des Postes et télécommunications: « Le numérique ne se subit pas, il se construit »
Face à l’ampleur des mutations numériques que nous observons à l’échelle mondiale, et à la complexité croissante des défis associés, il est évident que l’État doit jouer un rôle de visionnaire. La transformation numérique ne peut être livrée au hasard. Elle nécessite un cadre stratégique clair, une gouvernance robuste, ainsi qu’une ambition portée collectivement.
Conformément à la vision du président de la République, Paul Biya, qui a élevé le numérique au rang de priorité nationale dans la perspective de l’émergence à l’horizon 2035, le Cameroun a inscrit cette ambition dans sa Stratégie Nationale de Développement 2020–2030 (SND30). Le numérique y est considéré comme un levier central de modernisation, et les politiques publiques y convergent pour structurer un écosystème cohérent et performant.
Cette stratégie prévoit notamment la restructuration du secteur, la modernisation de la gestion des infrastructures numériques, la sécurisation des réseaux, ainsi que la création de parcs technologiques pour soutenir l’innovation locale. Elle intègre également la promotion de contenus numériques, le développement de services adaptés aux citoyens et la montée en compétences nationales en matière de fabrication et d’assemblage de technologies.
Le Gouvernement, sous l’autorité du Premier ministre, a engagé des efforts considérables pour faire du numérique un moteur du développement national. Des investissements majeurs ont été réalisés pour améliorer la connectivité, tant à l’international qu’au niveau local. Le Cameroun est aujourd’hui connecté par cinq câbles sous-marins, et dispose de près de 20 000 kilomètres de fibre optique couvrant l’ensemble du territoire, avec des liaisons vers plusieurs pays voisins.
Des centres de stockage et d’hébergement de données ont été mis en place, notamment par Camtel, Campost et des opérateurs privés. Par ailleurs, des mesures incitatives, telles que les exonérations fiscales, accompagnent la croissance des start-up. Un programme d’appui institutionnel à l’entrepreneuriat numérique est en cours, tout comme l’achèvement d’infrastructures modernes destinées à la formation des jeunes aux métiers du digital.
L’adaptation du système de formation constitue également une priorité. Des établissements spécialisés comme l’École Supérieure des Postes, Télécommunications et TIC ont été réformés pour répondre aux exigences de l’économie numérique. En matière de régulation, une plateforme d’agrégation des services numériques (Npsi) a été déployée au sein de la Campost afin de centraliser les connexions, garantir la transparence des échanges entre opérateurs et favoriser l’innovation.
La cybersécurité n’est pas en reste. L’antic, dotée d’un centre national de réponse aux incidents (Cirt) et d’une infrastructure à clé publique (PKI), veille à la sécurisation de notre espace numérique. Pour aller plus loin, le Projet d’accélération de la transformation numérique au Cameroun (Patnuc), mis en œuvre avec l’appui de la Banque mondiale, accompagne la mise en place de cadres juridiques, le renforcement des compétences, le développement de services numériques inclusifs, ainsi que l’introduction de technologies numériques dans l’agriculture.
Nous travaillons également à l’élaboration d’une stratégie nationale dédiée au développement de l’intelligence artificielle, pour permettre à notre pays de rester dans la course technologique. En résumé, notre engagement est clair : anticiper, structurer et encadrer le développement numérique du Cameroun pour en faire un levier de modernisation, de croissance inclusive et de souveraineté.
Comme l’écrivait Jean Tirole dans L’Économie du bien commun : « La révolution numérique est riche en opportunités. Et que nous l’appelions de nos vœux ou non, elle se produira quoi qu’il arrive. C’est pourquoi nous devons anticiper les nombreux défis que la révolution numérique nous lance, de façon à nous y adapter plutôt que de les subir ». C’est précisément dans cet esprit que nous agissons.

