L’urgence d’une mise en place de la fonction publique locale
C’est l’objet de l’atelier de restitution des plaidoyers des autorités locales sur la gouvernance et la décentralisation organisée par l’Association internationale des maires francophones (AIMF) les 23 et 24 septembre 2019 à Yaoundé.
Contribuer à l’amélioration de la gouvernance, à la décentralisation et au développement local pour des villes durables. Tels sont les objectifs des travaux menés par les élus locaux du 23 au 24 septembre 2019 à Yaoundé. Une initiative qui s’inscrit dans le cadre des activités de l’Association internationale des maires francophones (AIMF), qui envisage de faire des élus locaux de véritables acteurs du développement local. Le choix porté sur ces derniers se justifie par la proximité qu’ils ont avec la population. C’est ainsi qu’en 2015 lors de l’Assemblée générale tenue en octobre 2015 en Tunisie, l’AIMF a décidé, avec l’appui de l’Union européenne, de mettre sur pied ces groupes de plaidoyer qui visent à souligner les problèmes auxquels les élus locaux font face. Il était question pour l’AIMF d’associer les représentants des administrations publiques, du parlement, ceux de la société civile, les autorités locales, etc.
Les travaux de restitution qui se sont déroulés sous la présidence du député Théodore Datouo, vice-président de l’Assemblée nationale, avaient 5 points inscrits à l’ordre du jour. En l’occurrence les finances locales, le statut de l’élu local et la fonction publique territoriale, les services essentiels, la lutte contre les changements climatiques, ainsi que la localisation des objectifs de développement durables. Ces réflexions qui ont pour centre d’intérêt les questions relatives aux villes durables définissent les modalités de gouvernance, des indications et des normes, et à faciliter les interactions entre les autorités locales, le secteur privé, les partenaires financiers et la société civile entre autres. «Pendant que nous tendons vers l’accélération de la décentralisation en vue d’une gouvernance totale, d’une fonction publique locale. Il faut que chacun soit à sa place. Parce qu’il y a un paradoxe sur le terrain », souligne Marguerite Dissake, député à l’Assemblée nationale.
Se référant à la loi du 22 juillet 2004, en son article 2 qui dispose : « La décentralisation consiste en un transfert par l’Etat, aux Collectivités territoriales décentralisées, ci-après désignées « les collectivités territoriales », de compétences particulières et de moyens appropriés », et au principe de l’autonomie des communautés territoriales décentralisés, les magistrats communaux recommandent au gouvernement de doter l’élu local d’un statut. Un engagement législatif qui rassemble dans un texte unique l’ensemble des droits et de la protection, des différentes indemnités et primes, des sujétions et obligations, ainsi que des responsabilités des élus locaux. Ce qui va concourir à l’accélération de la mise en place d’une fonction publique décentralisée. Il est question pour le gouvernement de renforcer la gouvernance et la démocratie locale à travers une implication des populations à la gestion des affaires locales. Relativement à l’accès des populations aux services essentiels, les élus locaux préconisent entre autres la révision du décret du 31 décembre 2005 fixant les modalités de délégation des services publics de l’eau potable et de l’assainissement liquide en milieu urbain et péri-urbain en y introduisant le principe des CTD en matière d’eau potable. Acteurs proches des populations, les maires souhaitent avoir une plateforme flexible pour recenser les véritables besoins des populations.
Dans le domaine de l’assainissement, les CTD souhaitent la mutualisation de leurs ressources en vue de mettre sur pied des réseaux de collecte, de transport et de traitement des ordures ménagères et autres déchets relevant de leur compétence. En outre, les maires envisagent de faire de leurs territoires de compétences des lieux d’innovations et des leviers d’action politique pour réduire les causes du changement climatique et soutenir entre autres les projets des peuples autochtones et des communautés locales qui s’appuient sur des connaissances et des modes de subsistances traditionnelles.
Fabrice BELOKO