Les droits des journalistes passés au scanner
ADISI-Cameroun, une plateforme privée spécialisée dans la collecte des données chiffrées, vient de faire un recensement des arrestations et autres intimidations infligées par les pouvoirs publics aux hommes et femmes de média.
L’étude rendue publique il y a quelques jours prend en compte une période précise. Ainsi, entre janvier 2017 et janvier 2019, une douzaine de journalistes du Cameroun ont été arrêtés, intimidés ou menacés par des acteurs étatiques et non étatiques dans le pays. Cela, observe ledit rapport analytique sur la sécurité des journalistes au Cameroun, est en grande partie dû aux troubles qui se poursuivent dans les régions anglophones du pays.
En effet, la crise sociopolitique qui a débuté en octobre 2016 dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest a entraîné de graves violations des droits de l’homme dans la région, notamment des perturbations prolongées du réseau internet, des arrestations et détentions arbitraires de journalistes, pour rester sur le cas spécifique des rédacteurs du rapport. « Les journalistes qui exercent dans ces parties du pays sont régulièrement la cible des groupes séparatistes et même du gouvernement. En effet, des journalistes qui y travaillent craignent pour leur vie. Ils font régulièrement l’objet de menaces et d’intimidation de la part des autorités locales et même centrales voyant parfois des programmes de leur média suspendus sur ordre. Les séparatistes ne sont non plus en reste. Les journalistes sont régulièrement la cible de leurs menaces. Attaquant de ce fait, leur indépendance ou les forçant à être les vecteurs de leurs informations/propagande de guerre visant le gouvernement ou l’opinion », apprend-on.
Des programmes TV suspendus aux articles de presse stoppés net par le patron du journal en passant par la suspension des émissions radio parce que le directeur de publication ne trouve pas son intérêt ou estime que l’élément risque de ‘’blesser’’ le pouvoir de Yaoundé sans oublier des arrestations diverses des journalistes, Adisi-Cameroun ne laisse de côté aucun aspect de la vie des media où les journalistes essuient des humiliations et intimidations diverses. L’on note de nombreuses violations physiques et verbales sur les journalistes ; leurs interpellations sur les lieux de travail de la presse privée à cause de leurs publications et les implications de manque à gagner pour le journal. De nombreux citoyens privés d’information. Certains hommes de média ont vu leurs matériels de travail confisqués par les forces de l’ordre, de nombreux journalistes devenus déplacés internes du fait des menaces à eux brandies etc. Des noms de journalistes sont cités à la pelle : Ambroise Awono de la télévision Vision 4, Caristan Isteri du quotidien Le Jour, Ambe Macmillan de Waka Africa Media, Marxel Fonkwen du journal The Post, Michael Doppas de la radio Soleil FM, Athia Azohnwi du journal Sun Newspaper. La liste est très loin d’être exhaustive. Douala, Yaoundé, Bamenda, Kumba et Buéa sont les lieux où les arrestations et atteintes à la vie des journalistes ont le plus eu lieu. Elles concernent 77 % des hommes et 23 % de femmes. « La protection du journaliste au Cameroun est un grand chantier qui nécessite l’apport des différentes parties prenantes. Celles-ci se dénombrent dans tous les secteurs de la nation camerounaise », se convainc Adisi-Cameroun. Qui élabore des recommandations à l’endroit des journalistes, des pouvoirs publics et de la société civile.
Fabrice BELOKO