La souveraineté du Cameroun à l’épreuve des ingérences « communautaires ».

L’initiative visant à conduire le Cameroun vers une indépendance financière nécessaire à la réalisation de ses objectifs de développement économique fâche visiblement. L’on en vient à se poser les questions ci-après : à qui profite le crime ? Qui a le plus intérêt à ce que le Cameroun ne développe pas son activité de Dépôts et Consignations ? En effet, depuis l’entrée en matière effective des opérations de Dépôts et Consignation au Cameroun avec le Décret n°2023/08500/PM du 1er mai 2024, fixant le délai de transfert, dans les comptes de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDEC) des fonds et valeurs dévolus à cette dernière ; le plus gros de la résistance que rencontre la CDEC émane de l’écosystème bancaire représenté par la trilogie suivante : Établissements de Crédit – Commission Bancaire de l’Afrique Centrale – Banque des États de l’Afrique Centrale.

Pour preuve, alors que l’activité de transfert des fonds et valeurs est entamée avec l’engagement des établissements de crédit, les acteurs de la régulation des rapports financiers et bancaires entre États-membres de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC) vont s’inviter en plein processus pour jouer les troubles faits : la Commission Bancaire de l’Afrique Centrale (COBAC) et la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC). Par correspondance du 11 juillet 2024, la COBAC invitait la CDEC à suspendre le processus de transfert des avoirs en déshérence dans ses comptes ce, en l’absence de tout fondement juridique au regard du domaine matériel des activités et compétences dévolues à la COBAC tel que formulé par ses textes fondateurs. La BEAC pour sa part, va mettre sur pied un groupe de travail dont la configuration tend assurément à mettre en minorité la CDEC, et les issues concourent à freiner le bon élan déjà engendré jusque-là par celle-ci.

Pourtant, l’activité de transfert dans les comptes de la Caisse des Dépôts et des Consignations (CDEC) des fonds et valeurs en déshérence a reçu l’appui favorable du Ministre des Finances, qui en date du 05 juin 2024, demandait à l’association Professionnelle des Établissements de Crédit du Cameroun (APECCAM) via une correspondance adressée à la Présidente de ladite association, de procéder au transfert des fonds et valeurs dévolus à la CDEC ; lequel appui a été renforcé plus tard par une correspondance du Ministre d’État, Secrétaire Général de la Présidence de la République au Ministre des Finances en date du 1er août 2024, rappelant ainsi la position du Cameroun face aux manœuvres initiées par la COBAC.

Le débat qui implique le Cameroun aujourd’hui au sujet du développement de son activité de Dépôts et Consignation appelle à convoquer la jurisprudence gabonaise en la matière qui en son temps, n’avait pas reçue autant d’opposition. Il est clair qu’il s’agit d’une ingérence flagrante des acteurs communautaires dans les activités nationales déliées de toute attache avec leurs domaines d’intervention respectifs, et la situation appelle malheureusement une fois de plus la mise à contribution de la diplomatie camerounaise auprès des instances de la CEMAC, avec l’intervention souhaitée du Président de la République dont lui seul a la maitrise du sujet, des acteurs et des enjeux en présence.

Bertrand Eba

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