La BAD veut augmenter de 4% les revenus du commerce intrarégional
Pour les six prochaines années, la Banque africaine de développement (BAD) se fixe pour défi de faire passer les échanges entre les pays de la région de 2% à 6%.
Une intégration régionale effective en Afrique centrale permettrait de stimuler l’essor des marchés nationaux, d’accroître les flux commerciaux et d’investissements, d’atténuer les déficiences institutionnelles et infrastructurelles et d’impulser une transformation structurelle en vue d’un développement plus équitable et durable, et qui contribuerait à réduire les facteurs de fragilité. C’est sur cette spéculation que l’institution financière continentale s’est appuyée pour bâtir son Document de stratégie d’intégration régionale (DSIR) 2019-2025.
Le DSIR 2019-2025 se propose de tirer profit des avantages comparatifs de la région, notamment ses abondantes ressources forestières et minières, de ses diverses zones écologiques et de sa situation géographique stratégique. Il entérine la vision que les pays d’Afrique centrale pourraient tirer profit des bénéfices de l’intégration et de la coopération régionales afin de développer et d’atteindre des marchés plus vastes et plus attractifs qui offrent des économies d’échelle d’une part et créent des créneaux de spécialisation d’autre part.
De façon concrète, pour faire évoluer le commerce intrarégional de 2 à 6% d’ici 2025, la BAD se réfère à la construction d’un pont d’une longueur de 1 575 km entre Brazzaville et Kinshasa qui va permettre la valorisation des opportunités commerciales entre les deux pays en reliant les infrastructures et en fluidifiant la circulation des personnes et des biens. En outre, les ressources énergétiques de la région tels que la centrale hydroélectrique de Boali et le barrage d’Inga, peuvent contribuer à l’électrification de la région et de l’Afrique plus largement par des échanges transfrontaliers d’électricité.
Dans la même lancée, la route Ouesso-Bangui-Ndjamena et la navigation intérieure sur les fleuves Congo, Oubangui et Sangha, d’une longueur de 1 310 km, qui traversent la République du Congo, vont faire progresser l’intégration économique entre ces quatre pays et au-delà, estime la BAD. L’institution dirigée par le Nigérian Akinwumi Adesina, pense que le capital forestier de cette région peut être mieux valorisé grâce à une intégration économique plus approfondie.
La vision stratégique de la BAD pour l’industrialisation de la filière bois en Afrique centrale indique qu’il est possible d’augmenter la surface totale des concessions dans la région de 50 millions d’hectares aujourd’hui à 75 millions d’hectares ainsi que les rendements de la production actuelle 7 millions de m3 à 15 millions de m3 d’ici 2030. L’opérationnalisation de cette vision stratégique va permettre d’augmenter la transformation primaire de 66% aujourd’hui à 100% en 2030, de 50% à moyen terme la transformation secondaire et tertiaire des grumes et développer le commerce intraafricain. Lors de l’atelier de présentation de document de stratégie tenu à Yaoundé le 16 septembre 2019, le ministre camerounais de l’Economie, Alamine Ousmane Mey a déclaré « l’Afrique centrale a ainsi l’exceptionnelle opportunité de confirmer à nouveau sa détermination à transformer structurellement ses économies pour s’insérer durablement dans le processus de développement attendu par nos peuples. Nos pays, nos communautés ont accumulé une riche et longue expérience qui enseigne l’importance de l’intégration et de la diversification économique. »
Pour rappel, l’intégration régionale fait partie du mandat du groupe de la BAD depuis sa création en 1964. Dans le cadre de sa stratégie décennale 2013-2022, « intégrer l’Afrique » est l’un des objectifs de la Banque pour accélérer la transformation structurelle de l’Afrique.
Thierry Christophe YAMB