Insalubrité: Yaoundé croule sous des tonnes d’immondices

La capitale politique camerounaise est confrontée à une insalubrité de plus en plus alarmante qui appelle à une prise de conscience urgente face à un péril sanitaire grandissant.
Yaoundé a « mal » à sa voirie. Mauvais état des routes, éclairage public insuffisant, ou encore tonnes de détritus sont autant de maux dont souffre la ville aux sept collines. Les différents coups de gueule du premier ministre, Joseph Dion Ngute, sur le niveau de pourriture de la cité n’émeuvent cependant personne. Pour preuve, alors qu’à l’occasion d’un conseil de cabinet, le maire de la ville, le ministre de la décentralisation et du Développement local, celui de l’Habitat et du développement urbain avaient été sommés de donner un visage plus avenant à la capitale, le décor n’a pas toujours changé.
Les rues défoncées, les façades d’immeubles sales, et surtout les montagnes de détritus qui jonchent les quatre coins de Yaoundé constituent aujourd’hui une véritable carte postale, que les médias internationaux décrivent à l’envi. Les influenceurs, pour leur part, ayant même lancé un challenge baptisé: «ma plus belle poubelle ».
Petit tour de ville
Au pont de la gare, à seulement 500 mètres du centre-ville, une poubelle a littéralement fondu dans le décor. Du trottoir à la chaussée, les immondices s’étalent sur plusieurs mètres, au grand désarroi des riverains. « On a honte, nous autres, qui avons voyagé à travers le monde. » Nos dirigeants vont à l’extérieur, voient ce qui s’y passe et, dans leur propre pays, ils sont incapables de maintenir la propreté. « C’est la honte », déclare un habitant. « Je trouve la ville de Yaoundé excessivement sale, même dans les villages, ce n’est pas comme ça », ajoute un autre.
La situation est tout aussi préoccupante au quartier Olezoa, où un riverain constate : « Vraiment, mes frères, vous voyez que c’est invivable. Les voitures n’arrivent plus à circuler, les piétons n’arrivent plus à évoluer sur le trottoir. Cette poubelle est devenue notre star ici, au quartier. » Pourtant, au milieu de ce tas d’immondices, une plaque de la communauté urbaine invite les populations à ne pas jeter leurs ordures à cet endroit. « Vous voulez que la population fasse comment ? » « Il faut d’abord aménager des points pour jeter les ordures avant de poser des plaques qui interdisent », s’interroge un riverain.
Les odeurs insupportables sont également un sujet de préoccupation. Au quartier Ekounou, par exemple, une tenancière de boutique s’alarme: « On n’arrive pas à respirer ici tellement cette puanteur est insupportable. Je sens que je vais finalement tomber malade.
Péril sanitaire
Le péril sanitaire est désormais une réalité. Enfumés par les émanations des décharges à ciel ouvert, les enfants et les adultes se pincent le nez en enjambant des tas d’ordures abandonnées sur les trottoirs ou la chaussée. Bien qu’il soit difficile d’établir un lien direct entre certaines affections respiratoires et le niveau de saleté de la ville, il est indéniable que les enfants qui arpentent les rues pour se rendre à l’école sont exposés aux émanations pestilentielles de ces montagnes d’immondices. Las d’attendre le passage des équipes de collecte, certains riverains n’hésitent pas à incendier les déchets pour tenter de réduire leur volume, multipliant ainsi les risques de contamination aux maladies pouvant affecter les poumons, les reins ou encore le foie.
Julien Efila