Ignames: Le prix du tubercule hors de portée

La denrée alimentaire fait progressivement son apparition dans les marchés de la capitale politique et se vend à des prix exorbitants.

Marché du 8em de Yaoundé, il est 10 heures ce mardi 26 novembre 2024. Le marché bat son plein pourtant ce n’est pas la grande affluence devant l’étalage de Pauline qui vend les ignames en détails. Les clients se comptent au bout des doigts et pour cause, la denrée coûte non seulement cher mais n’abonde pas comme il faut. Les rares clients qui s’approvisionnent auprès des commerçants déboursent malgré eux des sommes qu’ils trouvent faramineuses : « J’achète à présent le tas d’igname de 5 000 FCFA afin de satisfaire mes clients. Alors qu’il y a quelques temps, celui de 3 000 FCFA était suffisant », explique Kadige restauratrice.  Chantal, ménagère a décidé pour sa part, de mettre un trait sur ce féculent qu’elle apprécie pourtant : « Je ne peux plus me permettre un tel luxe. Ma ration journalière s’élève à 3 000 FCFA et ne me permet pas d’acheter les ignames. Aux prix fixés. J’ai une grande famille, je vais attendre que les prix baissent. » : Georges de son côté accuse la saison d’être responsable de ces prix exorbitants : « Il n’y a pas assez de tubercule dans les différents points de vente en gros. Les récoltes sont en train de se faire. »

Au marché du Mfoudi réputé pour sa richesse en tubercule, l’igname refait progressivement son apparition. Des commerçants installés le long de la chaussée du marché, proposent la marchandise aux passants. Dans la présentation de sa marchandise, Pierre la cinquantaine bien entamée, renseigne que les tas vont de 1 000 FCFA à 5 000 FCFA. Le tas en réalité se constitue en fonction de la grosseur des tubercules. Celui de 1 000 FCFA, est composé de 3 ignames de taille relativement moyenne tandis que celui de 5 000 FCFA donne droit à 4 tubercules. La même politique est également appliquée sur la vente en gros. Pour s’offrir un sac de 50 kg, le vendeur renseigne qu’il faut prévoir entre 35 000 FCFA et 65 000 FCFA selon que les tubercules sont petits, moyens, ou gros. Ce montant apprend-on sur place, est en chute pour le moment par rapport à 2023 où le prix d’un sac d’igname s’élevait entre 75 000 FCFA et 80 000 FCFA sur le marché.

Rareté de denrée

Malgré la rareté de la denrée, on retrouve néanmoins la majorité des espèces. Les ignames à boucle d’après les commerçants sont celles qui proviennent de la région de l’Ouest, elles sont rares dans les marchés en raison du manque d’intérêt des clients : « Les consommateurs la trouvent moins savoureuse parce qu’elle a un goût amer. », avoue Souleymane, détaillant. Un tubercule de cette variété se vend à partir de 1 500 FCFA. Les ignames blanches et jaunes quant à eux proviennent du grand Mbam et sont prisée par les ménagères. Elles coûtent entre 2 000 FCFA et 5 000 FCFA le tas de 5 tubercules, en fonction de la grosseur de l’igname. Pourtant en période d’abondance, le tas de 3 petits tubercules de solde à 500 FCFA et celui de de 5 tubercules entre 1 000 FCFA et 3 000 FCFA. La vente en gros s’élève à 8 000 FCFA la cuvette, contre 6 000 FCFA en période de profusion.

Par ailleurs, le commerçant explique que les ignames possédant des longues racines tirent leurs origines du Sud-Ouest (Muyuka). Elles ont meilleur goût selon Souleymane et coûtent plus chers que les autres. Ici, le tas de 6 tubercules es vendu à 5 000 FCFA uniquement. Pour la vente en gros, le sac revient à 65 000 FCFA. Pendant la période de foisonnement, le tas du tubercule vaut entre 1 000 et 4 000 FCFA et le tas de gros revient à 45 000 F. Les ménagères, les restaurateurs et les voyageurs sont les principaux clients de Florence, la commerçante avoue rentrer dans ses dépenses malgré la cherté de ces tubercules : « Je vends au moins la marchandise de 50 000 FCFA et totalise un bénéfice de 10 000 à 15 000 FCFA par jour. » La culture de l’igname n’est pas encore industrialisée et ne bénéficie d’ailleurs pas d’une place dans les livres de politiques publiques. Les producteurs souvent réunis en GIC, sont installés dans les localités de Mbé dans l’Adamaoua et Bafia dans le grand centre.

Marie Michèle Atouba

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