Grand dialogue national : Niat Njifendi et Cavaye Yéguié Djibril les grands absents
Chacune des huit commissions sera composée de 50 membres qui plancheront sur 14 principaux thèmes. Les deux tiers des délégués viennent du Nord-Ouest et du Sud-Ouest.
A l’ouverture du Grand dialogue national lundi 30 septembre, le Palais des Congrès de Yaoundé a fait salle comble. Cette cérémonie solennelle a mobilisé un parterre impressionnant de personnalités issues du gouvernement, des représentations diplomatiques, des milieux d’affaires, politiques, intellectuelles, de la société civile, des autorités traditionnelles et religieuses venues de tout le Cameroun et même de l’étranger. D’après George Ewane, le porte-parole de ces assisses historiques, le Premier ministre, chef du gouvernement, Chief Joseph Dion Ngute, « a présidé la session des débats généraux en présence de plus de 1000 participants dans une salle configurée pour 600 personnes ».
Parmi les absences remarquées, il y a bien sûr les figures de proue de la sécession pourtant dûment invités. Celles des présidents du Sénat et de l’Assemblée nationale (PAN) sont loin d’être passées inaperçues, surtout qu’il s’agit respectivement des deuxième et troisième personnalités de l’Etat. D’après les informations de Repères, Marcel Niat Njifendi, qui connait des soucis de santé depuis quelque temps déjà, se trouve en Europe pour des soins. Il y a quelques jours, une rumeur persistante a même fait état de son décès. Il en va autrement pour Cavaye Yéguié Djibril. Le PAN a regagné Yaoundé lundi 30 septembre vers 20h30 à bord d’un vol Air France. D’après des témoins présents à l’aéroport international de Yaoundé-Nsimalen, le lamido de Mada est revenu plus affaibli qu’à son départ pour Paris le 20 septembre par la même compagnie. Dès le lendemain, il sera pris en charge à l’hôpital américain. Cette évacuation, envisagée depuis plusieurs semaines, intervient après plusieurs chutes aussi bien dans sa résidence à Yaoundé qu’à Maroua où le PAN a séjourné pendant plusieurs semaines début septembre. Elle est la résultante d’une hyperactivité tant à sa résidence officielle du Quartier général qu’à Maroua et à Tokombéré. A en croire des indiscrétions au sein même de son cabinet, Cavaye Yéguié Djibril est devenu ces derniers temps un grand disciple de Bacchus, tout comme il n’hésite pas à se livrer à un excès des plaisirs de la vie. Quitte à provoquer de vives tensions avec Fadimatou Cavaye, son épouse officielle.
OBSERVATION MÉDICALE
Si ses médecins ont envisagé de le maintenir en observation pendant plusieurs mois, dans un premier temps le PAN a mis tout en œuvre pour revenir au pays au plus tard le 29 septembre, afin de prendre part à l’ouverture du Grand dialogue national auquel il ne croit pas beaucoup, qu’il voue même aux gémonies d’après son proche entourage. Un événement fera qu’il se ravise : le décès de Jacques Chirac. A en croire des membres de son cabinet, le PAN était persuadé que le président de la République ne pouvait pas assister, en raison de la menace de la Brigade anti-sardinards, à la cérémonie d’hommages à l’ancien chef d’Etat français. Du coup, il s’est convaincu que, étant à Paris, Paul Biya le désignerait comme son représentant personnel à ces obsèques. Un honneur qui va finalement échoir à Samuel Mvondo Ayolo, le ministre directeur du cabinet civil du président de la République. Au grand dam du PAN, désormais peu disposé à rentrer à temps pour prendre part à une cérémonie présidée par le Premier ministre, qui vient derrière lui dans l’ordre protocolaire. Il a d’ailleurs vu d’un très mauvais œil la désignation de Joseph Dion Ngute pour présider le Grand dialogue national. Ses pronostics annoncent même des jours sombres dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest après ce grand raout.
En vérité, le Grand dialogue national ne constitue que la goutte d’eau qui a débordé le vase. Tant Cavaye Yéguié Djibril, ces derniers temps, ne décolère plus contre Paul Biya, qui ne l’a plus reçu depuis plus de deux ans. Ce qu’il vit comme un désaveu annonciateur de la fin d’un long compagnonnage. Aussi, en petit comité, le PAN ne se garde plus de critiques acerbes contre la gouvernance de l’homme du Renouveau, dont il a pourtant toujours prétendu être un fidèle indéfectible. C’est que, depuis quelque temps, Cavaye Yéguié Djibril s’estime humilié, notamment quand le palais de l’Unité tarde à donner son onction à la nomination d’un nouveau secrétaire générale de l’Assemblée nationale, depuis la suspension de M. Mbock. Un dossier pour lequel le PAN ne semble pas disposé à faire la moindre concession, si le candidat de son choix n’est pas retenu.
Tout en nourrissant dorénavant la dent dure contre son ‘’créateur’’, le PAN a opté de vivre un peu reclus. Au point de bouder les obsèques du sultan de Wandala ou celles de l’ancien Premier ministre Sadou Hayatou. Son quotidien est désormais rythmé par les intrigues, coups tordus et querelles de chiffonniers qui s’animent autour de lui. A telle enseigne qu’il lui arrive d’être instrumentalisé par ses proches collaborateurs qui lui font signer tout et n’importe quoi.
Dominique MBASSI