Fusion Cemac–Ceeac: Un sommet décisif à Yaoundé, sans le Rwanda

Le 18 juillet prochain, les chefs d’État d’Afrique centrale se réuniront dans la capitale pour relancer la fusion entre ces deux communautés.
Un sommet extraordinaire conjoint des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac) et de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), se tiendra le 18 juillet 2025 à Yaoundé. À l’initiative du président Paul Biya, actuel président en exercice de la Ceeac, cette rencontre vise à accélérer le processus de fusion entre les deux principales communautés économiques d’Afrique centrale, amorcé depuis plus d’une décennie.
L’annonce de ce sommet a été faite lors du Conseil des ministres de la Ceeac, le 4 juin dernier, à Malabo. Deux jours plus tard, la 28e session ordinaire de l’organisation a confirmé l’avancée du projet de rationalisation, avec un taux de réalisation estimé à 55,31 % selon le Comité de pilotage (Copil/CER-AC). Les dirigeants régionaux devront donc, évaluer les progrès accomplis, harmoniser les actions en cours, et pourraient fixer une date officielle pour la fusion des deux entités.
Le chantier engagé depuis 2009 lors d’un sommet de la Ceeac à Kinshasa, répond ainsi à la volonté de réduire les doublons institutionnels, renforcer la cohérence des politiques économiques et améliorer l’intégration régionale. Parmi les réalisations notables : la création d’une zone de libre-échange unifiée, l’adoption d’un tarif extérieur commun, ainsi que la mise en œuvre d’un Code des douanes unique. Douze axes prioritaires de convergence ont été identifiés, incluant la sécurité, la libre circulation des personnes et l’unification des politiques budgétaires.
Cependant, alors que les efforts d’intégration s’intensifient, un événement diplomatique majeur vient assombrir les perspectives du sommet de Yaoundé : le retrait officiel du Rwanda de la Ceeac. Dans une déclaration rendue publique le 7 juin, Kigali accuse l’organisation d’être instrumentalisée par la République démocratique du Congo, avec la complicité de certains États membres. Le Rwanda dénonce l’exclusion répétée de ses droits, notamment la présidence tournante prévue par l’article 6 du traité, ignorée au profit de la RDC lors du 26e sommet à Malabo.
Cette décision radicale intervient après plusieurs tensions non résolues, dont l’exclusion du Rwanda du sommet de 2023 à Kinshasa. Kigali estime que l’inaction de l’Union africaine face à ces violations témoigne d’un affaiblissement de l’ordre institutionnel régional. En conséquence, le pays juge inutile de rester dans une organisation « contraire à ses principes ». Le sommet de Yaoundé devra donc non seulement acter les avancées structurelles de l’unification régionale, mais aussi gérer les conséquences politiques du retrait rwandais.
Pour les autres États membres, l’enjeu est de maintenir la dynamique de fusion tout en préservant la stabilité et la légitimité des instances régionales. L’ambition d’une Afrique centrale unifiée, performante et influente au sein du continent dépendra de la capacité des dirigeants à surmonter ces tensions et à finaliser un processus enclenché il y a plus de quinze ans.
H.T