Fonction publique : 2300 personnels risquent la radiation

Dans le cadre de la poursuite des actions d’assainissement du fichier solde et pension de l’État, le ministre des Finances (Minfi), Louis Paul Motaze, a procédé, dès le mois d’octobre 2019, à la mise en œuvre de la réforme relative à la dématérialisation des bons de caisse. Cette réforme, indique le Minfi, a trait au remplacement des titres de paiement physiques actuellement utilisés dans la paie des salaires inférieurs à 100 000 FCFA par des titres électroniques. « Il s’agit d’une démarche visant à la fois à simplifier les procédures de paiement de la solde des agents publics et à réduire considérablement les fraudes », avait précisé le Minfi.
À ce titre, le ministre des Finances avait invité l’ensemble des agents publics actifs et pensionnés à se rapprocher des différents postes comptables assignataires (trésoreries générales, recettes des finances ou perceptions) munis de deux demi cartes photos, format visa, sur lesquelles seront portés au verso, leur nom et prénom, numéro matricule et numéro de téléphone. Au moment des opérations matérielles de perception de leur solde, ils devront remplir des fiches sur lesquelles ils apposeront des spécimens de signature ainsi que leurs empreintes digitales.
Par ailleurs, le ministre des Finances a convié les agents publics actifs et pensionnés dont la numération est supérieure ou égale à 100 000 FCFA à bien vouloir procéder à l’ouverture des comptes dans les établissements de crédits et établissement de microfinances agréés de leur choix avant le 31 décembre 2019. Passé ce délai, leurs salaires seront purement et simplement suspendus.
Cette directive du M. Motaze fait suite à l’opération de comptage physique du personnel de l’État (Coppe) engagé en 2018. Lancé en avril 2018, le Coppe a ainsi permis de retirer du fichier solde plus de 10 000 agents publics fictifs pour une économie budgétaire annuelle d’environ 30 milliards de FCFA.
De son côté, le ministère des Enseignements secondaires a décelé dans ses fichiers 2 326 enseignants « en position d’absence irrégulière », à la suite de « diverses dénonciations ». Selon un communiqué signé le 17 janvier 2024 par le chef de ce département ministériel, Nalova Lyonga, tous ces personnels ont été suspendus de solde à compter de ce mois de janvier 2024, « conformément aux très hautes directives du président de la République, chef de l’État, relatives au phénomène de désertion des postes de travail par certains agents publics ». À en croire la ministre, cette décision a été prise après que ces personnels se soient soustraits « aux justifications de leurs positions administratives ».
Au bout d’un certain temps, les « mesures conservatoires » ainsi prises par la ministre des Enseignements secondaires pourrait déboucher sur des radiations pures et simples de la fonction publique. En effet, dans la circulaire du 28 décembre 2023 relative à l’exécution de la loi de finances 2024, le ministre des Finances, Louis Paul Motazé, annonce, dès l’année courante, « des mesures disciplinaires de révocation ou de licenciement des agents publics qui demeurent suspendus depuis quatre années ». À en croire le ministre Motazé, cette mesure rentre « dans la perspective de sauvegarder les économies budgétaires réalisées à l’issue de l’opération » de comptage physique des personnels de l’État (Coppe). Cette opération, qui avait pour but d’identifier et d’expurger du fichier solde de l’État, tous les agents publics y émargeant irrégulièrement, du fait d’une absence non justifiée, d’une démission ou d’un décès non déclaré, avait permis de déceler 8 766 agents en indélicatesse.
« Nonobstant de nombreux communiqués et mises en demeure du ministre des Finances et du Minfopra (ministre de la Fonction publique, NDLR) à l’adresse des mis en cause, seuls 601 personnels sur 8 766 concernés ont daigné déférer aux convocations du Conseil permanent de discipline de la Fonction publique », avait révélé Joseph Lé, le ministre de la Fonction publique, en date du 13 octobre 2022.
M.F.