Festival « All Kassava »: Quand le manioc devient une solution à l’insécurité alimentaire

À Douala, le 11 novembre dernier, le Festival international du manioc « All Kassava », a rassemblé producteurs, chercheurs et autorités pour discuter des enjeux de la filière.
Le 11 novembre 2024, Douala a accueilli la cérémonie d’ouverture du Festival international du manioc « All Kassava », initiée par l’Association Femme, action et développement au Cameroun (Fadec). Cet événement a mis en lumière un enjeu crucial pour le Cameroun : la souveraineté alimentaire, à travers la valorisation du manioc comme alternative au blé, notamment dans la production de farine. Le ministre de l’Agriculture, Gabriel Mbairobe, a souligné que cet événement dépasse le cadre de la simple promotion de la racine pour devenir un levier de développement durable, en particulier pour l’autonomisation des femmes et des jeunes.
Gabriel Mbairobe a insisté sur l’importance du festival en tant que plateforme de concertation pour la filière manioc, un pilier de la lutte contre l’insécurité alimentaire, particulièrement en Afrique. Selon les chiffres alarmants de la FAO, 60,9% de la population africaine est confrontée à l’insécurité alimentaire. Le ministre a donc encouragé une mobilisation de tous les acteurs, des producteurs aux institutions financières, pour renforcer la chaîne de valeur du manioc au Cameroun.
Yvette Doume épouse Banlog, présidente de Fadec, a également rappelé que l’Afrique est le continent le plus exposé à cette crise alimentaire. Le festival est donc une réponse aux défis globaux, en alignement avec la politique nationale d’import-substitution du Cameroun. « Le manioc offre une farine panifiable de haute qualité, une solution aux difficultés d’approvisionnement en blé », a souligné Yvette Doume. Selon elle, ce festival est l’occasion de fédérer les différents acteurs pour surmonter les obstacles liés à la production, à la conservation et à la transformation du manioc.
L’impact de la guerre en Ukraine sur les importations de blé a mis en lumière la nécessité de diversifier les sources alimentaires. Yvette Doume a appelé à un soutien accru pour les producteurs de manioc, en particulier pour l’acquisition de matériel et la formation technique. Elle a insisté sur l’importance d’assurer les exploitations agricoles face aux risques climatiques, notamment par des assurances agricoles adaptées. De plus, les systèmes de conservation et la certification des produits manioc doivent être renforcés pour garantir la qualité et limiter les pertes post-récolte.
Le festival a aussi permis de poser sur la table des solutions pour surmonter les freins à l’essor de la filière manioc. Des experts du secteur ont discuté de la nécessité d’une plus grande implication des institutions financières pour soutenir les producteurs, ainsi que du rôle crucial des chercheurs et des innovateurs pour améliorer les techniques de culture et de transformation. Le ministre Mbairobe a affirmé que le manioc devait être perçu comme une réponse à la crise alimentaire et un axe de diversification agricole pour le pays.
Pour Yvette Doume, le Festival « All Kassava » marque le début d’une transformation profonde de la filière manioc. Le festival vise à faire du manioc un pôle économique majeur pour le Cameroun, capable de générer des emplois et de contribuer à l’autosuffisance alimentaire. « Nous devons faire du manioc un moteur du développement économique et un modèle pour toute l’Afrique », a conclu la présidente de Fadec, appelant à une mobilisation collective pour que cette initiative devienne une réalité tangible.
Hélène Tientcheu