Faire des déchets une richesse

C’est sous ce prisme que le Cameroun abrite la célébration de la 33ème édition de la journée mondiale de l’habitat ce 7 octobre 2019 à Yaoundé.

Inculquer une nouvelle vision de la création de la richesse aux élus locaux. Valoriser les déchets, pour en faire une niche d’em­plois dans les collectivités ter­ritoriales décentralisées. « J’ai vu qu’il y avait trop de déchets plastiques notamment des bou­teilles dans la ville, c’est ainsi que j’ai initié le projet de récupé­ration et de tri de ces déchets d’abord avec les femmes de la plateforme rurale, ensuite avec les jeunes de Kribi. Ces bou­teilles plastiques sont entassées chez moi », nous révèle Marthe Bouambo Dim, adjoint au maire de Kribi 1er.

Cette dernière avait pour ambition d’utiliser ces bou­teilles pour en faire des bancs publics au niveau de la plage de Kribi, mais à l’issue des nombreuses sessions rela­tives à la journée mondiale de l’habitat auxquelles les magistrats communaux camerounais et ceux des pays d’Afrique francophone parti­cipent depuis jeudi 3 octobre 2019. L’édile de Kribi 1er entend donner plus de valeurs aux bouteilles collec­tées par son équipe : « J’avais prévu faire du recyclage, mais à partir d’aujourd’hui, je ne pense plus au recyclage, je suis sur un autre projet. La session à laquelle nous avons participé est telle­ment enrichissante. Ce qui nous amène à penser à la formation de ces jeunes », indique Marthe Bouambo, qui ne cache pas son enthousiasme.

Une semaine entière pour promouvoir la contribution des technologies innovantes de pointe à la gestion durable des déchets. C’est dans ce sens qu’est célébrée la 33ème édition de la journée mondia­le de l’habitat. Célébrée chaque 1er octobre, l’édition 2019 est placée sur le thème : « Les technologies de pointe comme outils innovants pour transformer les déchets en richesse ». A cet effet, Célestine Ketcha Courtes, ministre de l’Habitat et du Développement urbain (Minhdu) a saisi l’occasion pour rappeler à la commu­nauté nationale tous le pou­voir et la responsabilité de réfléchir à l’état de nos villes et villages, et la responsabilité de façonner l’avenir pour des villes durables. Antonio Guterres, secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), recommande que « les solutions commencent par des mesures modestes que chacun et chacune d’entre nous peut prendre pour changer le mode de fonctionnement de nos villes. Nous devons réduire la quantité des déchets que nous produisons, et, en même temps, commencer à considérer ces déchets comme des ressources précieuses, qui peuvent être réutilisées et recyclées, y compris pour produire de l’énergie ».

A cet effet, les élus locaux ont été édifiés sur la gestion des déchets et leur transfor­mation en richesse. Les experts internationaux ont outillé les maires sur le rôle des nouvelles technologies de l’information et de la commu­nication sur la gestion des déchets. Un atout favorable aux changements de compor­tement de la population pour un environnement durable et par ailleurs une niche d’inno­vation, de création d’emploi et de richesse. Les déchets plastiques qui obstruent les voies de canalisation et sont à l’origine des inondations dans des villes telles que Yaoundé et Douala, peuvent être à la base de la fabrication des pavés, des briques et des tuiles entre autres. Si les déchets plastiques transfor­més servent de matériaux de construction à moindre coût, les ordures organiques quand-elles peuvent être transformées en biomasse ou en compost pour augmenter les rendements agricoles. A l’observation, la majorité des communes et communautés urbaines payent pour qu’on débarrasse les populations des déchets.

Selon le site d’information d’Hysacam, environ 700 tonnes d’ordures sont éva­cuées chaque jour à Yaoundé alors que Douala produit plus 2600 tonnes d’ordures par jours. Alors que la maxi­me du chimiste français Antoine Lavoisier nous enseigne que « rien ne se perd, rien se crée, tout se transforme ». Les élus locaux peuvent désormais mettre ces déchets au profit du développement de leur circonscription.

En prélude à la journée mondiale de l’habitat, le Minhdu a organisé une cam­pagne d’hygiène et de salu­brité au travers un concours baptisé « Yaoundé, capitale propre ». Une cagnotte de 2.500.000 FCFA sera remise à la commune d’arrondisse­ment la plus propre parmi les 7 communes de la ville de Yaoundé en lice de la compé­tition. Cette campagne a pour but de renforcer la participa­tion des élus locaux, des auto­rités traditionnelles, ainsi que celles des populations dans l’entretien et la préservation des espaces urbains. En outre, des sessions spéciales sur la production des loge­ments décents de masse et la résorption des quartiers pré­caires, les enjeux et défis de la création des agences d’urba­nisme en Afrique, les enjeux de la mise en œuvre des stra­tégies de développement des villes. Des tables rondes thé­matiques sur la fourniture des services urbains, le finan­cement prévisible de la ges­tion des déchets au Cameroun, la mise en œuvre des Objectifs de développe­ment Durable au niveau local vont également meubler la 33ème édition de la Journée mondiale de l’habitat.

Dans sa résolution 40/202 du 17 décembre 1985, l’Assemblée générale des Nations unies a désigné le pre­mier lundi d’octobre de chaque année comme Journée mondia­le de l’habitat. Cette Journée met l’accent sur le droit fonda­mental de tous à un logement adéquat et rappelle également à la communauté internationa­le sa responsabilité collective dans l’avenir de l’habitat humain. En 2018, en Nairobi au Kenya la Journée avait pour défi « la gestion municipale des déchets solides ».

Fabrice BELOKO

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