Emprunts internationaux: Louis Paul Motaze en mission commando

À travers le décret présidentiel du 19 mai autorisant le Cameroun à lever 200 milliards de F CFA sur les marchés internationaux, le MINFI se voit une fois de plus investi d’une mission salvatrice consistant à renflouer la trésorerie camerounaise en cette veille de la présidentielle d’octobre prochain.

Une mesure salutaire pour la trésorerie publique camerounaise. C’est du moins ce que l’on peut dire à la lecture du décret du chef de l’État Paul Biya habilitant le ministre des Finances Louis Paul Motaze à recourir à des emprunts financiers internationaux pour un montant maximum de 200 milliards.

Destinés au « financement des opérations de trésorerie de l’exercice 2025 », les fonds levés auprès des marchés financiers internationaux constituent une véritable bouffée d’oxygène pour la trésorerie publique camerounaise. En effet, cet apport financier pourra permettre au gouvernement de financer les dépenses liées à la préparation et à l’organisation des prochaines échéances électorales qui s’annoncent cruciales cette année, avec en prime la présidentielle d’octobre.

Dette intérieure

Cet emprunt pourrait également, à en croire certains experts, permettre d’absorber une partie de la dette intérieure, au grand bonheur des opérateurs économiques nationaux, asphyxiés par le non-paiement par l’État de leurs prestations. En effet, la dette intérieure constitue un fardeau pour ces entreprises qui sont souvent contraintes de supporter des coûts élevés pour accéder au crédit. En réduisant la dette intérieure, le gouvernement pourra libérer des ressources pour les entreprises, et ainsi stimuler l’économie nationale.

Toutefois, contrairement à une opinion répandue, la dette intérieure du Cameroun reste soutenable comparativement au ratio de la dette publique au PIB recommandé par la CEMAC de 70%. Au 31 mars 2025, elle s’élèverait selon « Investir au Cameroun » à 14 442 milliards de F CFA, soit 47,7% du PIB. Mais, relativement faible, elle reste toutefois en constante augmentation avec 11% de plus qu’à la fin mars 2021.

Si cette opération de levée des fonds réussit, comme les précédentes au cours desquelles Louis Paul Motaze a été impliqué, cela témoignerait alors encore de la crédibilité du Cameroun auprès des emprunteurs internationaux. Une présomption d’honnêteté du pays qui serait, selon le ministère des Finances en grande partie due à la politique économique prudente menée par le gouvernement, sous la houlette du président Paul Biya.

Il est donc clair que selon Yaoundé, les investisseurs internationaux sont prêts à continuer à prêter au Cameroun à des conditions favorables, témoignant ainsi de la confiance qu’ils ont dans la gestion économique et politique du pays sous le leadership du chef de l’État.

Toutefois, estiment certains, le Cameroun aurait pu faire mieux et avoir meilleure presse si le contexte national marqué par un manque de transparence budgétaire, par la corruption systémique devenue endémique qui affecte tous les secteurs de l’économie et décourage les investisseurs ne s’y prêtait pas à l’occasion. Bien plus, le pays reste enclin à la persistance des velléités séparatistes dans le Nord-Ouest et le Sud-Ouest ainsi qu’à la crise sécuritaire dans l’extrême-Nord du fait des attaques de la secte islamiste terroriste Boko-Haram dans cette partie du pays, mettant en péril sa crédibilité auprès des prêteurs internationaux.

Par Julien Efila

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