Électricité : le Cameroun projette une production de 3000 MW d’ici 2030
Le Cameroun fait face à des coupures fréquentes et à une couverture électrique encore très inégalement répartie, notamment en zones rurales où le taux de raccordement reste faible. Pour remédier à ces insuffisances structurelles, le Ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston ÉLOUNDOU ESSOMBA, a présenté une feuille de route ambitieuse lors de l’Africa Energy Forum 2025, le 20 juin à Cape Town en Afrique du Sud.
Ce plan vise à porter la capacité de production nationale à 3 000 MW d’ici 2030, contre environ 1 799 MW actuellement ; selon la Banque mondiale, cette production repose principalement sur des installations hydroélectriques et thermiques. Parmi les infrastructures hydroélectriques majeures figurent les barrages d’Édéa (264 MW), Song Loulou (384 MW), Lagdo (72 MW), Memve’ele (201 MW) et le tout récent Nachtigal (420 MW).
Le parc thermique est principalement constitué des centrales de Limbe (350 MW) et Yassa-Dibamba (86 MW), utilisées pour renforcer le réseau en période de basse hydraulique. Pour atteindre l’objectif de 3 000 MW, plusieurs projets structurants sont engagés : Nachtigal Amont (420 MW), Kikot (450 MW) et Grand Eweng (1 000 MW), ainsi que des initiatives en énergie solaire et en interconnexions régionales. La stratégie s’accompagne de réformes sectorielles : révision du cadre réglementaire, incitations fiscales, création d’un code des mini-réseaux, restructuration de l’opérateur ENEO, et mise en place d’un fonds de stabilisation pour sécuriser la chaîne de valeur énergétique.
La feuille de route présentée par le Cameroun s’inscrit dans le cadre du Compact Énergétique, un document stratégique élaboré dans le cadre de l’initiative continentale Mission 300 – Powering Africa. Ce dispositif vise à atteindre un accès universel à l’électricité, renforcer la compétitivité énergétique des États africains et mobiliser des investissements privés autour d’objectifs clairs et mesurables.
La participation du Cameroun à l’Africa Energy Forum s’inscrit dans une séquence stratégique entamée à Washington lors des Assemblées de printemps de la Banque mondiale. Le Compact Énergétique constitue désormais le document de référence pour piloter les transformations du secteur, tout en positionnant le pays comme acteur clé de l’intégration énergétique régionale.

