Dettes extérieures: Le Cameroun parmi les moins endettés ?

Selon une note du ministère des Finances le niveau d’endettement représentant 44,7% du Produit Intérieur Brut en deçà du ratio continental en 2025 fixé à 64% de l’Union Africaine.

Le ministère des Finances (Minfi) est catégorique. Le Cameroun est parmi les pays africains les moins endettés. L’administration bâtit son argumentaire de la manière suivante ! au 31 mars 2025, l’encours total de la dette du secteur public s’élève à 14 442 milliards de FCFA représentant 44,7% du Produit Intérieur Brut (PIB). Selon ce ratio Dette/PIB, le niveau d’endettement du Cameroun est jugé soutenable par les experts, quand on sait que des récentes données officielles de l’Union Africaine, situent ce même ratio à 64% à l’échelle continentale en 2025.

Le niveau d’endettement d’un pays ne se mesure pas qu’au simple chiffre de la dette publique de celui-ci, mais au rapport dette/PIB. Ainsi, le Cameroun se classe parmi les pays africains les moins endettés, en partie grâce à son PIB, mais pas uniquement. La situation économique du Cameroun, caractérisée par une diversification économique, une croissance modérée, ses politiques de gestion de la dette et les soutiens financiers internationaux, sont des facteurs qui permettent au pays de maitriser sa politique d’endettement.

Les experts en la matière expliquent que pour mieux comprendre, il ne s’agit pas de se limiter au chiffre de la dette en elle-même. Il faut savoir qu’une dette publique soutenable signifie que le rapport dette/PIB se situe à moins de 50% ou 60% du PIB. Dans ce cas, le pays dispose d’une bonne capacité à gérer ses dettes et à effectuer les paiements futurs sans compromettre sa stabilité financière. Par contre, lorsque ce rapport est élevé c’est-à-dire, se situant au-delà de 60% ou 70% du PIB, cela indique un risque de surendettement et une vulnérabilité aux chocs économiques. Le Cameroun n’en est pas là.

Selon la Caisse Autonome d’Amortissement (CAA), l’organisme en charge de la gestion de la dette publique au Cameroun, l’emprunt du pays s’élève à 14 442 milliards de FCFA au 31 mars 2025, représentant 44,7% du PIB. Par rapport au mois d’avril et au premier trimestre 2025, cet encours diminue de 1,4% et progresse de 5,7% sur un an. Ces fluctuations traduisent une gestion active et prudente de la dette publique à un maximum de 50% du PIB. Un indicateur de soutenabilité de la dette qui est encore largement en dessous du seuil de tolérance de 70% du PIB édicté par les critères de convergence de la CEMAC. Les analyses indiquent que ce niveau de dette est jugé soutenable par les experts. La répartition de cet encours révèle que 92,8% concernent l’Administration Centrale, 7% les Entreprises et Etablissements Publics et 0,2%, les Collectivités Territoriales Décentralisées qui disposent d’un statut juridique différent de celui de l’Etat.

Le Cameroun sous l’impulsion du Président de la République S.E Paul BIYA, a mis en place des mesures pour limiter l’endettement et améliorer la gestion de sa dette publique, comme la limitation des emprunts extérieurs, le recours aux prêts concessionnels et aux opérations sur les marchés monétaire et financier de la CEMAC et internationaux.

En comparant la dette publique du Cameroun à son PIB en 2025, on peut conclure que le pays est dans une situation de dette relativement stable et soutenable, avec un ratio dette/PIB autour de 44%, tandis que des récentes données de l’Union Africaine, montrent que ce ratio frôle 64% à l’échelle continentale en 2025. Cela suggère que le Cameroun a une bonne capacité à gérer ses dettes et à assurer sa stabilité budgétaire.

Dette extérieure rétrocédée par l’Etat aux entités publiques

L’encours de la dette rétrocédée est de 889,7 milliards de FCFA, représentant 2,8% du PIB, sur un montant total engagé de 1 518 milliards de FCFA. Ce montant est réparti entre 11 entreprises et établissements publics bénéficiaires, représentant 6,6% de la dette directe de l’Administration Centrale. En termes d’évolution, cet encours enregistre des baisses de 6,1% et de 7,4% respectivement en glissements trimestriel et annuel.

Au premier trimestre de l’année, la dette intérieure de l’Administration Centrale, hors Restes à payer de plus de trois mois, s’élève à 3 900,2 milliards de FCFA, représentant 12,1% du PIB. Cet encours enregistre des hausses successives de : (i) 0,8% par rapport au mois dernier, (ii) de 4,0% par rapport au trimestre dernier, et (iii) de 10,9% en glissement annuel due à la prise en compte des dettes marketers en décembre 2024.

Cette dette est répartie comme suit : (i) 55,2% de titres publics, qui jouent un rôle clé dans le financement domestique ; (ii) 23,7% de dette structurée, résultant d’accords spécifiques organisés ; (iii) 14,8% de dette consolidée auprès de la BEAC, témoignant de mécanismes de réaménagement financier avec la banque centrale et (iv) 1,7% de dette non structurée, regroupant des engagements divers non formalisés.

L’encours des Restes à Payer (RAP) du mois de décembre 2024, précédemment évalué à environ 679,8 milliards de FCFA, a été actualisé par la Direction Générale du Trésor, de la Coopération Financière et Monétaire à fin mars 2025 à 853,7 milliards de FCFA, dont 62,7% correspond aux RAP de plus de 3 mois et 37,3% aux RAP de moins de trois mois. La situation des Restes à Payer des trois (03) premiers mois de l’année 2025 n’ayant pas encore été arrêté, l’encours des Restes à Payer du mois de fin mars 2025 demeure identique à celui arrêté à fin décembre 2024, dans l’attente d’informations actualisées et, enregistre une hausse de 37,4% par rapport à mars 2024. Le montant des RAP de plus de trois mois inclus dans l’encours de la dette publique, se chiffre à environ 537,7 milliards de FCFA, soit une augmentation de 21,6% en glissement annuel.

L’encours de la dette flottante est estimé à 411,5 milliards de FCFA au 31 mars 2025. Ce montant est stable par rapport à fin décembre 2024, mais en diminution de 10,8% sur un an. Cet encours se compose principalement de 73,7% de dette salariale, suivie de 16,9% de dette commerciale, 6,7% de dette fiscalo-douanière, 2,2% de dette locative, 0,4% de dette sociale et 0,1% d’indemnisations.

Dette des entreprises et établissements publics

La dette directe des entités publiques, en complément de la dette rétrocédée par l’État, est estimée à 1 011,2 milliards de FCFA, soit 3,1% du PIB au 31 mars 2025. Elle est constituée à 48,5% de dette extérieure, à 32,2% de dette intérieure incluant les dettes fournisseurs de la SONARA et à 19,2% de dette flottante.

L’encours de la dette intérieure des Entreprises et Établissements Publics atteint 326,1 milliards de FCFA, enregistrant des baisses successives de 0,9% par rapport au mois précédent, de 2,8% en glissement trimestriel et de 7,6% en glissement annuel. La SONARA est le principal débiteur de cette catégorie, avec une dette (bancaire et fournisseurs) de 217,4 milliards de FCFA, représentant 66,7% de l’ensemble.

Au 31 mars 2025, la dette extérieure directe des Entreprises et Établissements Publics est estimée à 490,8 milliards de FCFA, y compris les dettes fournisseurs et d’exploitation de la SONARA et de la CAMAIRCO, représentant 95,7% de l’encours total de la dette extérieure des entités publiques. Cette dette est en diminution de 0,3% par rapport au mois précédent et de 1,1% par rapport à mars 2024.

En ce qui concerne la dette flottante, elle est évaluée à environ 194,4 milliards de FCFA au 31 mars 2025, identique à la précédente évaluation. Elle se répartit comme suit : (i) 71,0% de dette fiscalo-douanière, (ii) 19,3% de dette commerciale, (iii) 8,1% de dette académique, (iv) 1,6% de dette sociale, et (v) 0,001% de dette locative.

L’encours recensé de la dette financière intérieure des CTD’S est estimé à environ 10,2 milliards de FCFA, conformément aux précédentes évaluations. Cette dette résulte de deux conventions conclues auprès de la United Bank of Africa (UBA). A la fin du premier trimestre 2025, l’encours de la dette flottante des CTD’S demeure inchangé par rapport aux estimations du 31 décembre 2024, s’élevant à 15,8 milliards de FCFA. Cette dette se répartit comme suit : (i) 92,9% de dette commerciale, (ii) 6,3% de dette sociale, (iii) 1,2% de dette fiscalo-douanière, et (iv) 0,02% de dette locative.

Maixent Fegue

 

 

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