Cyrus Ngo’o: « C’est tout un pan du Cameroun industriel qui commence à s’élever… »
Dans cet entretien, le Directeur général du Port Autonome de Douala, détaille les contours d’un projet ambitieux, fruit d’un partenariat public-privé avec le groupe Arise IIP, qui incarne la volonté du Cameroun de se doter d’une plateforme industrielle compétitive et intégrée, tournée vers l’avenir.
Quelle est l’ambition principale derrière cette nouvelle Zone d’activités industrialo-portuaires à Missolè 1 ?
Ce projet marque une étape décisive dans la transformation structurelle de notre économie. Nous faisons face à une saturation de nos installations portuaires actuelles à Douala-Bonabéri, et cette extension sur les berges de la Dibamba répond à la nécessité de créer de nouveaux espaces logistiques et industriels modernes. Il s’agit d’un projet structurant qui permettra non seulement de décongestionner le port existant, mais aussi de générer environ 15 000 emplois directs et indirects, tout en s’inscrivant dans la Stratégie Nationale de Développement 2030 (SND30). Cette zone va accueillir des industries de transformation dans neuf secteurs prioritaires comme l’agro-industrie, le bois, le textile, les mines ou encore la chimie. C’est un tournant stratégique.
Justement, au-delà des aspects économiques, quelles sont les autres retombées concrètes pour les populations locales et pour le pays ?
Ce projet est aussi un levier social. Il vise l’épanouissement du capital humain et l’insertion professionnelle des jeunes, en particulier dans les régions vulnérables. Le site de Missolè 1 bénéficiera directement d’infrastructures modernes, d’emplois et de services liés aux activités logistiques, industrielles et résidentielles prévues sur plus de 500 hectares. D’un point de vue logistique, le choix de ce site permettra de créer un hub multimodal connecté par voie fluviale au Port de Douala et aux grands corridors transnationaux, ce qui contribuera à désengorger les routes de Douala et à réduire significativement les nuisances du trafic routier.
Vous avez évoqué l’importance du partenariat avec le groupe Arise IIP. Que représente-t-il pour le Port Autonome de Douala et pour ce projet ?
Le partenariat avec Arise IIP est fondamental. Ce groupe a démontré, à travers ses projets en Afrique, une véritable expertise dans le développement de zones industrielles intégrées. Leur vision, axée sur la transformation locale des matières premières, correspond parfaitement à nos ambitions. La collaboration avec Arise s’est concrétisée par une convention de partenariat signée en 2024 et par un engagement fort de leurs équipes, y compris leur Président Directeur général, M. Gagan Gupta. Grâce à leur modèle éprouvé et au soutien de leurs partenaires financiers comme Afreximbank ou AFG Holding, nous avons sécurisé le financement, les études techniques et la maturation du projet. Les travaux s’étaleront sur deux phases : 24 mois pour la zone logistique et 36 mois pour la zone industrielle.
Propos recueillis par H. T.

