Création d’entreprises: Douala et Yaoundé se taillent la part du lion
Selon le récent recensement général des entreprises (RGE3) que vient de publier l’Institut national de la statistique, le Littoral et le Centre demeurent les principaux pôles d’implantation des unités économiques avec respectivement 37,4% et 26,8%.
Dans le cadre de la réalisation du troisième recensement général des entreprises en 2023 (RGE3) réalisé par l’Institut national de la statistique (INS), le territoire national a été découpé en douze régions de recensement. En effet, en plus des dix (10) Régions administratives que compte le Cameroun, les villes de Douala dans la Région administrative du Littoral et Yaoundé dans la Région administrative du Centre ont été considérées chacune comme une région de recensement, en raison de leur forte concentration en unités économiques.
La répartition géographique des unités recensées révèle des disparités d’une région à l’autre. Comme en 2016, le Littoral et le Centre demeurent les principaux pôles d’implantation des unités économiques avec respectivement 37,4% et 26,8%.
La Région du Littoral totalise à elle seule 164 309 entreprises et établissements (37,4%) dont 145 016 dans la ville de Douala. Entre 2016 et 2023, la proportion des entreprises implantées dans le Littoral enregistre une légère hausse qui n’est cependant pas le fait de la ville de Douala, chef-lieu de la région. Cette dernière affiche une légère baisse de son poids dans le total des unités recensées. Avec 33% des entreprises et établissements implantés sur le territoire national, Douala garde son influence dans le tissu économique du pays. Cette prédominance s’expliquerait par la présence d’un aéroport international, d’un port historique majeur, d’infrastructures commerciales et universitaires et d’une main-d’œuvre qualifiée, propices pour attirer les investisseurs. La région du Centre abrite 117 405 entreprises et établissements (26,8%) recensés dont 86 410 implantés dans la ville de Yaoundé soit 19,7% du total.
Les deux principales villes du Cameroun, Douala (33,0%), et Yaoundé (19,7%) concentrent ainsi la majorité des unités économiques, soit près de 53% du total. Elles sont suivies par les Régions de l’Ouest (9,7%), du Centre hors Yaoundé (7,1%) du Sud-ouest (6,4%) et du Littoral hors Douala (4,4%). Les six (06) autres régions à savoir l’Est, l’Extrême-Nord, l’Adamaoua, le Sud, le Nord et le Nord-ouest concentrent chacune moins de 4% des entreprises et établissements.
En comparaison à 2016, on observe une dynamique forte de création d’unités économiques au niveau national (+110%). Celle-ci est perceptible dans toutes les Régions mais à des degrés divers, à l’exception de la région du Nord-Ouest (-14%) où il est enregistré plutôt une baisse du nombre d’unités économiques. Cette baisse du nombre d’unités économiques en activité serait due aux effets de la crise sécuritaire qui sévit depuis 2016 dans cette région, laquelle a contraint certaines entreprises et opérateurs économiques à opter pour une délocalisation hors de la région ou simplement pour une fermeture définitive. Dans le Sud-ouest on note une hausse de 90% et principalement dans le FAKO qui est la zone la mieux sécurisée. Le département concentre près de 90% des entreprises recensé dans cette région avec une progression 179% par rapport à 2016.
Les plus fortes progressions s’observent dans les régions de l’Ouest (+199%), de l’Est (+141%), de l’Extrême-nord (+131%) et de l’Adamaoua (+131%).
Implantation par département
Les inégalités observées dans la répartition des unités économiques au niveau régional sont davantage perçues au niveau départemental. A la lecture de la carte d’implantation départementale des entreprises et établissements ci-dessous, l’on peut repérer, à travers la légende, les Départements qui affichent à peu près le même nombre d’unités économiques. L’on peut également identifier, non seulement les Départements à faible effectif (moins de 500), mais aussi ceux à effectif élevé (plus de 9 000).
Etant donné que les villes de Douala et de Yaoundé regorgent le plus grand nombre d’unités économiques recensées, la répartition départementale des entreprises et établissements classe les départements du Wouri (Chef-lieu Douala) et du Mfoundi (Chef-lieu Yaoundé) en première et deuxième position respectivement. Environ une unité économique sur trois est implantée dans le département du Wouri contre une unité économique sur cinq dans celui du Mfoundi. Ces deux départements sont suivis par ceux du Fako, de la Mifi, du Moungo et de la Mezam qui totalisent chacun plus de 10 000 unités économiques. Les 52 autres départements restants abritent chacun moins de 10 000 entreprises et établissements.
La moyenne départementale est de 7 567 entreprises et établissements implantés. Dans onze (11) départements, le nombre d’unités recensées est au-dessus de cette moyenne. Il s’agit du : 1. WOURI (145 016) 2. MFOUNDI (86 410) 3. FAKO (25 190) 4. MIFI (16 848) 5. MOUNGO (13 332) 6. MEZAM (10 485) 7. MEFOU-ET-AFAMBA (9 685) 8. LOM-ET-DJEREM (9 565) 9. VINA (9 247) 10. BENOUE (8 826) 11. DIAMARE (8 609).
Il est à noter que dans ce groupe, quasiment tous les Département sont ceux qui abritent le chef lieux de région à l’exception du Moungo et de la Mefou-et-Afamba. Par contre le Département de la Mvila qui abrite le chef-lieu de la région du Sud enregistre un nombre d’unités recensées en deçà de la moyenne départementale.
Les départements abritant le chef-lieu de région sont relativement les plus peuplés en entreprises et établissements. De ces 10 départements, 8 ont une proportion des unités implantées supérieure à 50% du total de la région. A titre d’illustration, le Mfoundi représente près de 74% dans le Centre et le Wouri plus de 88% dans le Littoral. En revanche, les 2 autres départements, la Mifi et la Mvila, ont une proportion inférieure à 50%, soit respectivement 39% et 30%. S’agissant du département de la Mvila, il compte moins d’entreprises et établissements qu’un autre département de la même région, en l’occurrence l’Océan dont Kribi est le chef-lieu. Ce cas typique de la région du Sud pourrait se justifier par la destination touristique que représente Kribi grâce à son ouverture sur la mer, ainsi que l’installation récente du Port Autonome de Kribi qui favorise le développement des activités avec l’implantation de nouvelles unités économiques.
Implantation des entreprises et établissements par ville
Les promoteurs d’entreprises et établissements choisissent les villes les plus attractives dans lesquelles ils pourront tirer le maximum du profit de leurs activités. Le tableau ci-dessous présente le Top 20 de villes ayant le plus grand nombre d’unités économiques. Comme mentionné plus haut, les deux grandes métropoles, Douala et Yaoundé occupent le premier et le deuxième rang avec respectivement 33,0% et 19,7%. Ce choix manifeste opéré par les opérateurs économiques s’expliquerait par les facilités de faire les affaires qu’offrent ces dernières.
L’on constate que ces deux capitales devancent largement le reste des villes en termes de concentration d’unités économiques. Elles sont suivies dans l’ordre par les villes de Bafoussam et Buea qui abritent respectivement 3,8% et 3,0% d’entreprises et établissements. L’on constate également que les villes périphériques des grands centres urbains concentrent aussi un grand nombre d’unités : c’est le cas de Nkolafamba pour Yaoundé et de Dibombari pour Douala.
La ville de Ngaoundéré, contrairement aux deux derniers recensements, est passée devant la ville de Maroua en nombre d’unités économiques et apparaît alors comme la principale ville du septentrion en termes d’unités économiques. Cette situation s’expliquerait certainement par le fait que Ngaoundéré, par rapport à Maroua et Garoua, est une ancienne ville universitaire avec une forte colonie d’étudiants étrangers venant de la Sous-région CEMAC, et de ce fait, les activités économiques s’y développent rapidement (construction de mini cités, installation des petites unités commerciales de restauration, d’impression/secrétariat, etc.). Selon l’annuaire statistique du MINPMEESA, la Région de l’Adamaoua dont Ngaoundéré est le Chef-lieu s’illustre également par son dynamisme dans la création des GIC et Coopératives.
Oumarou Mey
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