Compétitivité: Le port de Kribi triple ses capacités en 7 ans

La Phase II du port de Kribi mise officiellement en exploitation le 09 mai dernier, marque un tournant logistique au Cameroun. Capacité triplée, connectivité accrue, et ambitions internationales à la clé.

Le Port de Kribi, dans la région du Sud, a franchi un tournant décisif vendredi 9 mai dernier. Sous la présidence du ministre des Transports, Jean Ernest Massena Ngallè Bibehè et en présence de nombreuses autorités, l’acte marquant l’entrée en exploitation de la Phase II du port de Kribi a été signé entre David Azra, Directeur général de Kribi Conteneurs Terminal (KCT), et Patrice Melom, Directeur général du Port Autonome de Kribi (PAK). Une avancée stratégique pour le Cameroun, qui voit son principal port maritime doubler sa capacité logistique, renforcer sa compétitivité et élargir son rayonnement sous-régional.

Cet événement a coïncidé avec l’escale historique du MSC Türkiye, un géant de 400 mètres capable de transporter 24 346 EVP, classé parmi les plus grands porte-conteneurs au monde. Une première dans le Golfe de Guinée, qui propulse Kribi dans le cercle restreint des cinq ports africains capables d’accueillir ce type de navires. La Phase II, dont le coût total s’élève à 793 millions de dollars (près de 497 milliards de FCFA), repose sur des infrastructures ultramodernes : 715 mètres de quai supplémentaires, une digue prolongée de 675 mètres, 30 hectares de surface opérationnelle, et une panoplie d’équipements portuaires de dernière génération. On y compte notamment 7 portiques STS, 25 RTG, 48 tracteurs portuaires, une grue mobile MHC, ainsi qu’un système complet de gestion du trafic maritime (VTS), assurant sécurité et performance en temps réel.

Cette montée en puissance permet au terminal de tripler sa capacité de traitement, passant de 300 000 à environ 1 million d’EVP par an. Un changement d’échelle qui répond aux ambitions du Cameroun de se positionner comme leader logistique en Afrique centrale. « Kribi a, dès l’origine, hérité de caractéristiques naturelles exceptionnelles. Aujourd’hui, cette vocation se confirme pleinement », a déclaré Patrice Melom. Pour Philippe Labonne, Président d’Africa Global Logistics, cette infrastructure permet désormais au Cameroun de jouer « son rôle de locomotive et de corridor naturel pour les États de la Cemac ».

Kribi optimise le délai de traitement des marchandises

La dynamique dépasse d’ailleurs le cadre national. Grâce à ses nouvelles installations, Kribi offre une plateforme logistique stratégique aux pays enclavés comme le Tchad, la Centrafrique ou le nord du Congo. Ce rôle régional est renforcé par l’intégration du terminal dans une zone industrielle en pleine expansion, assurant une connectivité directe avec les flux continentaux et internationaux. L’un des enjeux majeurs réside dans la célérité des opérations. Avec des outils digitaux de pilotage, des plateformes de pesée automatisées et des infrastructures pensées pour fluidifier les échanges, Kribi optimise désormais le délai de traitement des marchandises. Un gain de temps, mais aussi un gage de compétitivité pour les chargeurs.

Pour Louis Paul Motaze, ministre des Finances, cette montée en puissance est un levier de croissance à long terme : « Sur le plan économique, le port de Kribi nous ouvre au commerce international. Plus il y a d’échanges, plus il y a de croissance. Kribi devient un outil irremplaçable pour mettre le Cameroun à la porte du monde ». Il a également indiqué qu’avec la mise en exploitation de cette Phase II, Kribi ne se contente pas de jouer un rôle logistique : il ambitionne de devenir un centre névralgique du commerce maritime africain, répondant aux normes internationales de performance environnementale, de sécurité et de durabilité.

Hélène Tientcheu

 

 

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