Climat: Le Cameroun en première ligne face au retard régional

Hôte d’un atelier régional tenu du 7 au 10 mai dernier à Douala, le pays tente de relancer, avec la Ceeac, une dynamique climatique en retard sur les CDN 3.0.
À Douala, l’Afrique centrale tente de rattraper le train climatique mondial. Du 7 au 10 mai 2025, la capitale économique a accueilli un atelier régional décisif sur les Contributions Déterminées au Niveau National (CDN) 3.0. Les représentants des 11 États membres de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (Ceeac), dont le Cameroun, y ont participé. « Une rencontre de la dernière chance, à l’heure où aucun pays de la région, y compris le pays hôte, n’a encore soumis ses engagements climatiques actualisés », comme l’exige l’Accord de Paris.
L’événement, piloté par le Hub régional pour la transparence de l’action climatique (Hurtac) avec le soutien de l’Initiative pour la transparence de l’action climatique (Icat) et l’assistance technique de Fokabs, visait à outiller les pays pour concevoir des plans ambitieux et opérationnels. L’objectif : ne pas se contenter d’une simple mise à jour, mais traduire une ambition environnementale à la hauteur des enjeux. « Cet atelier est une réponse directe aux recommandations formulées par notre comité de pilotage. Il s’inscrit pleinement dans notre plan de travail annuel 2025 », a affirmé Gervais Ludovic Itsoua Madzous, coordinateur du Hub.
Alors que l’article 4.3 de l’Accord de Paris appelle à une progression des engagements climatiques à chaque nouvelle soumission, la Ceeac accuse un retard criant. Cette carence compromet non seulement la crédibilité régionale, mais surtout l’accès à des financements climatiques conditionnés par la transparence et la rigueur des données. Pour le Cameroun comme pour ses voisins, le risque est aussi économique. Face à ce constat, les participants ont travaillé sur plusieurs fronts : élaboration de plans d’investissement solides, définition d’indicateurs de suivi, identification d’opportunités de financement pour les CDN et les Rapports Biennaux de Transparence (BTRs). Un effort coordonné qui vise à transformer les ambitions politiques en actions mesurables.
Créé grâce à un financement d’Icat et administré par l’Unops, le Hub régional de la Ceeac est une première mondiale. Véritable catalyseur, il offre un cadre structurant pour mutualiser les expertises, former des équipes nationales compétentes et centraliser les données climatiques. Il constitue un point névralgique pour aider les pays à bâtir des systèmes de Mesure, Notification et Vérification (MNV) robustes. Le Cameroun, qui abrite ce rendez-vous stratégique, espère également tirer profit de cette dynamique pour structurer un dispositif de suivi plus efficace, indispensable à la mobilisation de financements.
« Ce Hub est une innovation que le monde nous envie. Il doit devenir le socle sur lequel les pays d’Afrique centrale construisent des trajectoires climatiques crédibles et finançables », a insisté le Dr Henning Wuester, directeur d’Icat. Dans un contexte où la crédibilité des pays en développement est souvent remise en cause, la transparence devient un levier diplomatique essentiel. Pour la Ceeac, c’est aussi un moyen d’exiger davantage des pays développés en matière de financement et de justice climatique.
La mise en œuvre des CDN 3.0 nécessite des transformations profondes : planification bas-carbone, gouvernance technique, mobilisation des secteurs privés et publics. Le Hub joue ici un rôle d’accélérateur en créant un langage commun, une plateforme de dialogue et une architecture de suivi crédible.
HT